Caroline Talbot: un esprit d’ouverture et de réconciliation
Caroline Talbot a d’abord enseigné le français à l’école secondaire Manikanetish de Uashat, une communauté de la Première Nation innue située dans la région de la Côte-Nord, au Québec. Elle y a oeuvré une trentaine d’années. À titre de coordonnatrice en Éducation pour l’Institut Tshakapesh, elle a ensuite eu l’opportunité de partager son expertise avec d’autres enseignants et de travailler en collaboration avec le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec afin de contribuer à la réussite éducative des élèves des Premières Nations.
Francosphère a invité les intervenantes et intervenants du congrès 2019 de l’ACELF, dont Caroline Talbot, à partager leurs impressions sur des enjeux actuels en francophonie canadienne.
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Comment tentez-vous d’inspirer les jeunes pour les engager envers leur francophonie?
La situation précaire des langues autochtones au Canada incite les éducateurs qui œuvrent auprès de jeunes des Premières Nations à agir avec discernement lorsqu’il est question de l’apprentissage de l’une ou l’autre des deux langues officielles du pays, le français et l’anglais.
Pour ces jeunes des Premières Nations, tout comme pour les jeunes de la francophonie, la fierté identitaire est liée à la langue maternelle. Il importe donc de valoriser la langue autochtone de l’élève, surtout en classe de français. À mon avis, cette condition de base est essentielle pour que l’élève autochtone s’engage envers son apprentissage du français, et ce, dans un esprit d’ouverture sur le monde, voire de réconciliation, essentiellement.
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Qu’est-ce qui stimule votre créativité dans votre pratique professionnelle?
Il existe heureusement une riche littérature d’auteurs des Premiers Peuples qui ont choisi d’écrire en français. Alors lorsqu’on doit enseigner le français à des jeunes des Premières Nations, c’est un véritable cadeau du ciel. Cela permet de développer la compétence en langue française tout en explorant la culture propre à chacune des Nations.
Ceci étant dit, il ne s’agit pas de s’y limiter, bien au contraire. Mais en abordant d’abord la littérature d’auteurs des Premiers Peuples en classe de français, on favorise la construction identitaire de l’apprenant autochtone. Il lui sera plus facile et surtout davantage signifiant de découvrir ensuite la littérature d’auteurs du reste de la francophonie, dans un esprit d’ouverture sur le monde et de réconciliation.
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Partagez une expérience de collaboration novatrice qui a favorisé l’engagement.
En 2017 est parue l’anthologie « Tracer un chemin | Meshkanatsheu – Écrits des Premiers Peuples » sous la direction d’Olivier Dezutter, Naomi Fontaine et François Létourneau. Ce recueil d’extraits de textes littéraires est accompagné d’un guide pédagogique auquel j’ai eu le grand bonheur de contribuer à titre de coordonnatrice du Programme de partenariats en éducation, à l’Institut Tshakapesh. De plus, des capsules audio permettant aux élèves d’entendre les auteurs réciter leur texte et des capsules vidéo dans lesquelles des auteurs des Premières Nations expliquent aux jeunes, entre autres, pourquoi ils ont choisi d’écrire en français. Ce matériel pédagogique unique s’adresse aux élèves du deuxième cycle du secondaire et aux étudiants du collégial, tant autochtones qu’allochtones.
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