Suzette Montreuil: redécouvrir son français
Désignée membre honoraire 2017, Suzette Montreuil a vraiment à cœur sa culture et sa langue. Ce qui la motive avant tout, ce sont les jeunes. Ergothérapeute de formation, elle souhaite ardemment que les jeunes aient le désir d’intégrer la langue française dans leur vie. Francosphère lui a posé quelques questions.
Qu’est-ce qui vous a tant motivé à vous impliquer dans votre communauté?
Je pense d’abord à mes enfants. Quand je suis arrivée à Yellowknife, j’ai en quelque sorte redécouvert mon français. Et quand j’ai eu mes enfants, c’est un aspect que je voulais leur transmettre, entre autres avec mon implication pour la garderie Plein-Soleil. J’ai toujours aimé m’engager au niveau communautaire et pour la justice sociale. Je suis membre de la coalition de justice sociale Alternatives North, qui revendique notamment les droits humains.
De quoi êtes-vous le plus fière?
Mon travail à la Commission scolaire francophone a amené le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest en cour. Puis en cour d’appel. Et la Cour suprême a refusé de nous entendre. Ça a été un long travail, parfois pénible, pour l’égalité de nos infrastructures. Mais nous avons fait preuve d’une grande persévérance.
Que retenez-vous de ce que vous avez réalisé?
Je me dis qu’un moment donné, il faut vraiment y croire, à l’éducation en français. À l’exception du Québec, les francophones vivent en situation minoritaire partout au Canada. On doit justifier qu’on existe. Aux Territoires, il y a quand même 11 langues officielles, dont les langues autochtones. Et le français en est une. Je retiens que d’envoyer les enfants à l’école de langue française, c’est plus de travail mais ça vaut la peine.
Mais il n’y a pas seulement la lutte qu’il faut retenir. Il y a beaucoup de positif aussi. Tous ces francophones représentent un héritage et un partage très riches.
Vous avez confiance en l’avenir?
J’ai confiance dans notre jeunesse. Les jeunes vont vivre la situation différemment, c’est certain. La plupart vont être bilingues. Essentiellement, on veut que le français soit la langue de leur choix plutôt que simplement une langue en héritage. En gardant en tête l’assimilation, qui est un danger qui nous guette.
Je tiens à dire que mon français n’est pas méticuleux et pas parfait. Mais ça ne me gêne pas de l’utiliser. Il faut cultiver le désir de parler comme on peut. Si on ne fait pas ça, c’est une bonne façon de tuer sa langue.
Que diriez-vous à un jeune engagé en francophonie?
Une des raisons pour laquelle j’ai persévéré, c’est que j’ai vu ce que mes enfants sont devenus. Les deux me disent qu’ils ont un sens d’appartenance à cette communauté. Ma fille reste revendicatrice et mon fils participe aussi et il garde sa capacité langagière. D’un point de vue pratique, parler français offre de belles opportunités de carrière. C’est un avantage quand on pense aux possibilités de se trouver de l’emploi. Une éducation tout en français, c’est excellent pour l’avenir.
Comment les engager?
Il s’agit de recevoir les idées des jeunes, qu’ils nous parlent de leurs passions et ensuite de trouver une façon de les motiver. Les organismes jeunesse l’ont bien compris. À un moment dans la vie, on espère que les jeunes apprennent à aimer leur langue et leur culture. On ne doit pas seulement le voir comme un devoir, si non, ce n’est pas très motivant. Mais l’amour de la langue, ça, ça peut convaincre beaucoup de monde. La carotte avant le bâton!
L’identité francophone, ça évoque quoi chez vous?
Aujourd’hui, je vois tous ces immigrants venus s’installer au Canada. Ils amènent avec eux une richesse culturelle incroyable. La qualité du français des Africains est excellente, notamment. Oui, il y a une identité franco-canadienne, mais aujourd’hui, ça va au-delà de ça. C’est très riche et c’est un aspect que j’aime beaucoup.
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