Autochtones et francophones: comment favoriser la rencontre
Le court documentaire «Des parcours pour réconcilier l’avenir» montre des histoires à succès et des moyens pour cheminer vers la réconciliation développés au Nouveau-Brunswick. C’est une source d’inspiration pour participer à son tour, à ce moment historique, où les Autochtones reprennent leur place dans l’espace et le discours publics.
Plus on participe à la réconciliation, plus on devient conscient de l’importance de sa propre histoire, incluant la fragilité de perceptions quand on tient à construire un avenir durable et épanoui.
Pendant des années, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a recueilli de nombreux témoignages, notamment sur les sévices subis par les anciens élèves des pensionnats autochtones. Elle a permis de mettre en lumière de dures réalités. Le rapport de la CVR a proposé des appels à l’action, dont plusieurs visent les secteurs de l’éducation, de la petite enfance au postsecondaire.
En plus de la formation nécessaire afin de participer au processus de réconciliation, à travers le pays, diverses initiatives voient le jour pour mettre en valeur la culture autochtone dans nos milieux scolaires francophones. Après tout, les cultures et les histoires des autochtones et des communautés de la francophonie canadienne ont beaucoup en commun, notamment en Acadie. Elles ont un passé qui a contribué au présent et qu’il nous faut reconnaître et respecter.
Le processus de réconciliation […] qui permettra de panser les blessures directement associées à l’héritage de colonisation destructeur […] doit inspirer tant les Autochtones que les non Autochtones de partout au pays à transformer la société canadienne afin que nos enfants et nos petits-enfants puissent vivre ensemble dans la paix, la dignité et la prospérité sur ces terres que nous partageons.
— Juge Murray Sinclair (Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015)
Les premiers pas d’un changement significatif
Certes, la réconciliation est un processus complexe, à la fois individuel et collectif. Elle nécessite engagement et compréhension de l’autre.
Au Nouveau-Brunswick, où l’on retrouve 15 communautés autochtones, différentes initiatives portent leurs fruits. Le plan d’action éducatif provincial comprend, pour la première fois, un objectif spécifique à l’éducation autochtone. Il existe aussi des ententes d’amélioration des services éducatifs entre la province, le district scolaire et la Première Nation concernés. Ces ententes, actuellement au nombre de sept, ont permis de mieux comprendre l’importance d’une présence culturelle des premiers peuples dans les écoles qui accueillent des enfants autochtones vivant dans une collectivité autochtone.
Dans les écoles francophones en milieu minoritaire, le personnel est conscient de l’importance du développement du sentiment d’appartenance. La présence et la valorisation de la culture autochtone a assuré un taux beaucoup moins important d’absentéisme et une fierté qui contribuent au bien-être des enfants autochtones, incluant ceux qui vivent hors-réserve. Ce sont des éléments essentiels pour éliminer l’écart académique, surtout pour un peuple pour qui l’école a été un lieu d’oppression et de maltraitance pendant plusieurs générations.
Cela dit, dans un cadre scolaire et communautaire, la valorisation de la question autochtone engendre une prise de conscience générale. Les élèves et le personnel scolaire réalisent les liens qui les unissent aux Autochtones et leur responsabilité collective quant à la réconciliation.
«Des parcours pour réconcilier l’avenir» illustre comment, au Nouveau-Brunswick, les projets se multiplient dans les écoles, incluant celles qui n’ont pas d’élèves autochtones mais qui comprennent que cette histoire a un impact pour chaque citoyen et citoyenne. Des changements sont nécessaires, tant sur le plan personnel que collectif, afin de contribuer à la guérison des fissures de nos sociétés.
Des pistes d’action
Créer un sentiment d’appartenance en demandant aux élèves ce qu’ils aimeraient davantage voir dans leur école : plus de leur culture, et qu’on la célèbre. Aux écoles Carrefour-de-la jeunesse d’Edmundston, René-Chouinard de Lagacéville et Centre scolaire communautaire La Fontaine de Néguac, grâce à des projets artistiques et des appels à la communauté, les élèves sentent leur culture respectée, valorisée et cela les encourage à la partager. De plus, ce sentiment d’appartenance ne peut que contribuer à leur réussite scolaire, puisque le personnel affirme que le taux d’absentéisme est à la baisse et l’engagement des élèves a augmenté.
Créer un espace culturel, en intégrant dans l’école des activités qui transmettent des connaissances ancestrales et font perdurer les traditions familiales des Premières Nations. Les élèves de l’école René-Chouinard et du Centre scolaire communautaire La Fontaine prennent conscience des richesses du passé et des contributions du présent.
Créer des occasions pour la réconciliation, en réfléchissant aux préjugés et en changeant les perceptions. De façon mutuelle, les élèves du Centre scolaire communautaire Lafontaine en ont appris sur leur histoire. Ils ont ainsi réalisé l’importance de préserver leur culture et leur langue.
Créer des liens à travers des rassemblements culturels qui sont l’occasion de rapprochement et de célébration d’une histoire commune. Le pow wow mi’kmaw-acadien est une illustration d’amitié, d’amour et de partage.
Une culture vivante à célébrer
La culture autochtone est bien vivante, malgré des générations de génocide culturel. Divers activités et rassemblements permettent de mieux l’expliquer, de la situer dans un contexte historique, et de la célébrer, dans un esprit de réconciliation et de respect.
Les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada se concrétisent. Ce n’est que le début.
Le documentaire est réalisé par Paul Lang (Icon Media Productions) sous la direction de Hélène de Varennes, pour le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick. En août 2015, le ministère a créé le Bureau des perspectives des Premières Nations. Ce bureau comprend présentement une direction et une agente pédagogique qui collaborent avec la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick, l’équipe du ministère et les responsables du dossier éducation autochtone des districts scolaires.
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