Un déclic francophone en action!

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8 Décembre 2025
par Francosphère

«Avez-vous mangé le saumon ou le butter chicken pour dîner?»

Sur scène, face à un auditoire d’intervenantes et d’intervenants en éducation, c’est la question que lance spontanément Régis Desrochers, élève du Conseil scolaire du Grand Nord (Ontario). Pourquoi cette question est-elle importante? Elle illustre la fluidité linguistique des jeunes. Cette façon de naviguer librement entre les langues. Pour un français décomplexé. Et c’est dans cette liberté qu’ils et elles trouvent leur place dans la francophonie. Voilà le message que les 30 jeunes de la délégation Leadership jeunesse (DLJ) ont choisi de transmettre lors du congrès 2025 de l’ACELF.

Mais attention, il ne suffit pas de simplement présenter leurs idées sur scène. Ces élèves du secondaire ont reçu une mission de taille: concevoir, en moins de deux jours, une activité ludique d’une heure pour 350 personnes, afin d’expliquer ce qui déclenche chez eux un déclic francophone. Une bonne main d’applaudissements s’impose, non ?

Transmettre la magie

Accompagnés par l’équipe d’animation de la FESFO, les jeunes de la DLJ ont entamé leurs réflexions. En partageant leurs vécus. En comparant leurs réalités. En cherchant ce qui les unit. Ces jeunes ont exploré ce que représentait pour eux d’être francophone.

 

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Au fil de leurs préparatifs, ils ont créé sans s’en rendre compte un environnement où toutes les conditions pour produire un déclic identitaire étaient réunies. Quand les jeunes ont pris conscience de ce qui venait de se passer, quelque chose s’est allumé en eux. Ils ont compris que c’était cette magie-là qu’ils voulaient faire vivre à leur tour dans leur activité.

«Après seulement deux jours, nous nous considérons comme une grande famille, liée malgré nos accents et nos slangs. On a trouvé que la langue française, ce n’est pas qu’une langue, mais notre essence. Notre facteur unificateur.» – Sabria Al Jiashy, élève du Conseil scolaire du Grand Nord (Ontario)

Le jeu au service d’un message

Comment transmettre leur histoire de façon ludique et percutante? Le point de départ est l’intention derrière chaque activité. Les jeunes ont choisi un jeu de type Trivia sur la francophonie canadienne. À chaque table, un membre de la DLJ pose des questions sur l’histoire, la culture, un symbole ou une personnalité marquante francophone. Chaque bonne réponse permet d’obtenir un mot à inscrire sur leur carton de jeu.

 

Mais que faire de tous ces mots récoltés? Dans le jeu, les adultes doivent les remettre dans le bon ordre pour reconstruire la phrase de leur équipe. Si on poursuit , le jeune réalise qu’on lui a attribué une identité francophone. Et c’est quand on met en commun toutes les phrases – ou quand les jeunes mettent en commun leurs expériences du français – que le déclic se fait. Leur histoire touchante se révèle.

 

Diapositive originale de la présentation de la DLJ lors du congrès

 

«Cette histoire commence par un moment de perte et de confusion. Puis, avec le français, chacun de nous est capable de se retrouver et de se réunir.», explique Sabria. Et Rebecca Fico, élève du Centre scolaire secondaire communautaire Mercier, au Yukon, complète: «Le français peut servir de guide vers nos identités et nous éclairer sur un chemin qu’on trace à partir de nos propres histoires. Ça l’a pavé l’autoroute de nos vies.»

Un environnement décomplexé pour s’épanouir

Qu’est-ce qui fait la différence entre un élève qui se sent obligé de parler français et celui qui le choisit fièrement? La DLJ a trouvé l’ingrédient secret: l’environnement. Si l’exposition à la langue et à des modèles culturels est essentielle pour bâtir un attachement à la langue, c’est l’environnement qui lui permet de s’épanouir et d’en prendre conscience. En d’autres mots, d’avoir un déclic identitaire.

«Nous avons réalisé que TOUT le français est un beau français. Que c’est à travers notre propre accent et slang qu’on peut établir notre propre identité linguistique riche et vive, et donc, contribuer à la merveilleuse diversité de la langue française de la communauté canadienne.» – Rebecca Fico.

Les élèves doivent se sentir libres d’explorer la langue et de se l’approprier à leur manière unique pour choisir de vivre en français. C’est exactement ce qu’ont vécu ces jeunes avec la DLJ: un environnement linguistique décomplexé pour explorer leur identité. Après tout, le côté informel contribue aussi à la construction identitaire.

En dehors des apprentissages formels, le plus important, c’est le contenu, ce que les jeunes ont à dire, et non le contenant, la façon dont ils le disent.

Une fierté partagée

Ces jeunes ont déclenché leur propre déclic francophone à travers l’expérience de la DLJ. Il y a de quoi être fier. Autant de leur activité que du travail d’introspection, de créativité et d’organisation nécessaire pour arriver au résultat final. Mais surtout de leur capacité à créer un environnement rassembleur, engageant et inclusif. C’est la preuve que ces élèves démontrent un grand leadership. C’est aussi la preuve que les gestes posés durant leur parcours éducatif les aident à cheminer. Et surtout qu’on a raison de leur faire confiance pour trouver leur propre voie.

Au fait, la délégation Leadership jeunesse, c’est quoi?

La délégation Leadership jeunesse est constituée d’élèves de 14 à 17 ans de partout au Canada. En plus de participer aux activités du congrès, ces élèves préparent une activité pour échanger avec les congressistes sur des enjeux qui leur tiennent à cœur. Les objectifs? Offrir aux jeunes l’occasion d’exercer leur leadership en apportant la richesse de leurs points de vue. En plus de leur offrir l’occasion de vivre une expérience unique d’échanges en francophonie avec d’autres élèves venant de partout au pays.

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