Connaissez-vous vraiment l’impact des organismes francophones jeunesse?
«Des yeux qui pétillent. Des histoires. Des souvenirs. Les camarades qui les ont déjà vécus [n’ont] que des éloges à faire des événements jeunesse», raconte Benjamin Doudard, un jeune impliqué notamment à la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF). Les organismes francophones jeunesse ont une grande importance pour les élèves qui s’y impliquent. Et il y a tant à apprendre sur eux! Qu’est-ce qu’ils font? En quoi leurs actions sont-elles complémentaires à celles des écoles de langue française? Et comment créer des liens entre nos écoles et ces organismes? On a voulu en savoir plus.
Dans cette vidéo, découvrez une conversation éclairante avec des jeunes du Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique (CJFCB). Les Franco-Colombiennes Malala Rabesoa, Geneviève Poitras et Valentine Baretta, ainsi que le Franco-Ontarien Benjamin Doudard répondent à nos questions dans un jeu-questionnaire amusant.
Mieux comprendre les organismes francophones jeunesse
L’une des missions primordiales de nos écoles de langue française est d’appuyer les élèves dans leur développement identitaire. Notre objectif est de leur transmettre l’envie de faire une place importante à la francophonie dans leur vie. En ce sens, se pourrait-il que les organismes jeunesse remplissent aussi cette mission? Allons découvrir ce qu’est un organisme francophone jeunesse.
Des occasions de vivre en français
«Les organismes jeunesse [offrent] beaucoup d’options. Il y a des activités pour les personnes qui aiment faire de l’improvisation, pour celles qui aiment faire de la politique. Comme le Parlement jeunesse par exemple. Il y a quelque chose [d’intéressant] pour tout le monde, je dirais. Et tu peux rencontrer plein de jeunes [francophones] qui aiment les mêmes choses que toi», explique Geneviève.
À travers une variété d’activités motivantes et d’événements mobilisateurs, les organismes jeunesse font vivre aux ados et jeunes adultes une francophonie animée. C’est là une occasion de s’adonner à des loisirs et de poursuivre des passions en français. D’élargir leurs horizons francophones et d’agrandir leur francosphère. «Je n’ai pas [souvent] la chance de parler en français. Alors [participer aux activités des organismes jeunesse], ça me donne la chance de parler français avec tout le monde autour de moi», poursuit Geneviève.
Ces organismes font prendre conscience aux jeunes que «le français, c’est plus que ce qu’[on] vit à l’école et à la maison. Les activités des organismes jeunesse, ce sont des moments décontractés en français. Des moments sportifs, artistiques ou culturels [pour] vraiment avoir du fun», explique Benjamin.
En d’autres mots, ces organisations permettent aux jeunes, via diverses activités qui misent notamment sur la créativité et l’innovation, de vivre des expériences authentiques en français. Et d’associer la francophonie à des moments agréables et valorisants. C’est dire qu’elles favorisent la création d’un lien positif avec la langue française.
Un carrefour de rencontres avec d’autres jeunes francophones
Participer aux activités d’organismes jeunesse «m’a fait réaliser que je fais partie d’une communauté et que je ne suis vraiment pas seule. Il y a d’autres personnes qui vivent comme moi, qui parlent en français. Et puis ça m’a fait réaliser que la francophonie, c’est une partie de mon identité. Il y a beaucoup de jeunes [qui parlent français] partout dans ma province et les activités du conseil jeunesse, c’est parfait pour les rencontrer», partage Valentine.
Ces organisations sont modelées «par et pour les jeunes». Elles leur donnent l’occasion de se rencontrer, de se rassembler. De créer des liens au sein de la francophonie en étendant leur réseau au niveau local, provincial ou territorial, et pancanadien. Et tout ceci contribue au développement d’un sentiment d’appartenance de plus en plus grand envers la langue française et la culture francophone.
«Les activités du Conseil jeunesse sont une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de rester [dans mon école] du Conseil scolaire francophone. [Ça m’a donné envie de] vraiment être avec des francophones. Sinon, j’aurais probablement changé pour une école anglophone», confie Geneviève.
En étant un carrefour de rencontres, ces organismes permettent aussi aux élèves d’explorer la richesse multiculturelle de la francophonie canadienne. Ils les plongent dans un milieu pluriel, qui valorise la diversité, de laquelle les jeunes peuvent s’enrichir. «Ce que j’aime le plus dans les activités des organismes jeunesse, ce sont les personnes que je rencontre. [C’est de] parler à toutes sortes de gens qui ont différentes expériences, différents vécus. Je pense que c’est quelque chose qui m’aide à développer ma propre identité», ajoute d’ailleurs Geneviève.
Une façon de s’engager dans la francophonie d’aujourd’hui
Ce qui a incité Valentine à participer à un organisme jeunesse, c’est qu’elle y a découvert «plein d’opportunités pour avoir un impact dans la communauté». Porte-voix d’une génération, ces réseaux encouragent la mobilisation. Ce sont des véhicules pour les jeunes afin de s’engager pour des causes qui leur tiennent à cœur. Malala explique par exemple que sa première participation à un événement jeunesse avait pour but de discuter «de plein d’enjeux importants, comme le racisme ou l’homophobie».
Avec eux, les élèves constatent que la francophonie est moderne, actuelle. Et que le français est un mode d’expression qui véhicule leurs préoccupations, leurs intérêts et leurs réalités. Parce que les organismes francophones jeunesse s’inscrivent dans une francophonie contemporaine.
Une expérience qui marque un parcours de vie
Pour ces raisons et plus encore, les organismes jeunesse ont de grandes répercussions sur le développement identitaire des jeunes. Ils favorisent notamment leur sécurité linguistique en leur donnant confiance. «La première chose que j’ai apprise avec ces activités [des organismes jeunesse], c’est que mon identité francophone est quelque chose qui est très important pour moi. J’avais beaucoup d’insécurité linguistique. Quand j’ai commencé à participer à ces événements, ça m’a fait ressentir beaucoup de confort parce que je ne me sentais pas seule. Je sentais que mon identité francophone était valide. […] J’ai pu vraiment grandir avec ça», confie Geneviève.
Ces lieux d’échanges ont le potentiel d’avoir des effets durables sur la décision des jeunes de faire une place de choix à la francophonie, toute leur vie. «Ce que j’aime le plus dans les activités des organismes jeunesse, c’est que ces moments-là vont rester avec toi. [Ils] marquent. Tu sors vraiment du contexte où tu es à l’école ou [encore où] tu es dans ta famille. Tu vis quelque chose qui change ta vie», partage Benjamin.
«Si je n’avais pas vécu cette expérience, je ne serais absolument pas la même personne aujourd’hui. Souvent, on parle de construction identitaire. C’est vraiment ça. Je trouve que ça a vraiment formé la personne que je suis aujourd’hui. Ça a aussi bâti ma confiance en moi. Ce n’est pas facile d’être élève, on fait face à beaucoup d’insécurité. Mais ces événements-là des organismes jeunesse m’ont vraiment permis de devenir la personne confiante et assurée que je suis aujourd’hui», poursuit-il.
Comment créer des liens entre l’école et les organismes jeunesse?
Les expériences partagées par ces jeunes répondent à notre question. Oui, les écoles de langue française et les organismes jeunesse ont une même mission: contribuer au développement identitaire francophone des jeunes. Et c’est en ce sens qu’ils sont complémentaires. «[Grâce à toutes ces] activités avec d’autres personnes qui parlent français, mon expérience au Conseil jeunesse complète vraiment mon parcours au secondaire», mentionne d’ailleurs Malala.
Pour remplir encore plus efficacement cette mission commune, il est idéal de favoriser l’action concertée. Car, on a toujours plus d’impact en unissant nos forces. Par quoi commencer? Comment renforcer les liens entre nos écoles de langue française et les organismes jeunesse? Le fascicule 16 de la série Comprendre la construction identitaire: Le rôle des organismes jeunesse propose plusieurs pistes à découvrir pour vous aiguiller. Certaines d’entre elles sont aussi reprises par les jeunes.
Valoriser les activités jeunesse
Valentine pense qu’il serait intéressant de valoriser davantage, à l’école, la participation aux activités jeunesse. Elle suggère d’ailleurs au personnel enseignant de laisser l’occasion «aux élèves qui ont déjà fait des activités de parler de leurs expériences pour encourager les élèves à [y] participer».
Créer plus d’occasions de rencontres
Pour Benjamin, il faut travailler à mieux se connaître. «Je pense que c’est vraiment important de conscientiser les conseils scolaires, les écoles et le personnel enseignant sur: c’est quoi ces organismes-là? Et je pense que c’est important d’avoir des [représentantes et des] représentants de ces organismes qui viennent […] parler au personnel enseignant […] pour expliquer qu’est-ce qu’ils font et à quel point c’est important», ajoute-t-il.
Voir les organismes jeunesse comme des partenaires
Malala amène aussi l’idée que des activités d’organismes jeunesse puissent se tenir dans les écoles, souhaitant une collaboration entre ces deux acteurs majeurs en construction identitaire. Cette vision rejoint d’ailleurs l’idée de considérer pleinement les organismes jeunesse comme partie prenante de l’écosystème éducatif des conseils scolaires. Le tout serait bénéfique pour «promouvoir la sécurité linguistique dans les écoles et aussi [le développement d’un sentiment] d’appartenance à la communauté [francophone]», explique-t-elle.
Il y a plusieurs bonnes raisons pour collaborer. Et tant d’idées à construire, tant d’initiatives à créer. Alliés incontournables de nos écoles de langue française, les organismes jeunesse alimentent la vitalité de toutes nos communautés. Il est donc tout naturel d’apprendre à mieux les connaître et de saisir l’occasion de travailler ensemble.
La francosphère en action
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