Mathieu Lang: l’avantage du progrès
Mathieu Lang enseigne les fondements de l’éducation, l’éducation à la citoyenneté, la pensée critique et les courants pédagogiques. Sa thèse de doctorat portait précisément sur la pensée critique au cœur de l’éducation à la citoyenneté. Professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Moncton depuis 2005, il est également chroniqueur au quotidien Acadie Nouvelle.
Francosphère a invité les intervenants du congrès 2018 de l’ACELF à partager leurs impressions sur des enjeux actuels en francophonie canadienne.
La culture dans le numérique: Créer? Apprécier? Faire sa place?
Le numérique, c’est l’espace public d’aujourd’hui. Une part importante de l’identité se construit dans l’espace public. Mais, comme nous ne voudrions pas abandonner nos enfants, seuls, dans les rues d’un centre-ville, nous devons accompagner nos élèves dans l’espace public numérique. Par conséquent, l’école a le devoir de permettre aux élèves de créer et de se bâtir une identité à l’aide du numérique, afin qu’ils puissent apprendre à prendre leur place dans l’espace public. Il faut en ce sens mettre l’accent sur le développement d’habiletés et d’attitudes propres à la créativité et à la pensée critique : la recherche de sens, l’étonnement, l’imagination, l’identification de relations, le raisonnement, l’organisation de l’information, l’ouverture d’esprit, le respect, définir, coopérer, etc.
La francophonie canadienne: Plurielle? Diversifiée? Inclusive?
La francophonie canadienne vit à la fois une diversité de réalités et de grandes ressemblances. Les enjeux sont souvent plus communs qu’exclusifs : proximité avec la langue de la majorité, remise en question identitaire, lutte pour la survivance et du respect des droits acquis, etc. Les communautés francophones gagneraient à avoir davantage d’échanges, surtout au niveau scolaire. La finale des Jeux de l’Acadie est un bel exemple d’un contexte riche en rapprochements des diverses régions francophones de l’Atlantique. Ces contextes d’échanges favorisent la prise de conscience de ce qui unit les communautés entre elles. Ainsi, pour que la francophonie canadienne ne soit pas perçue par les jeunes comme étant un concept abstrait, il faut favoriser des expériences inclusives et diversifiées.
L’insécurité linguistique: in ou out ?
Parmi les propos de l’astronaute canadien Chris Hadfield, deux réflexions rejoignent l’insécurité linguistique. La première : l’exploration spatiale et l’univers deviennent nettement moins effrayants au fur et à mesure qu’on acquiert des connaissances et des compétences. La deuxième : il faut viser le progrès et non la perfection. Les connaissances et les compétences donnent la confiance nécessaire pour surmonter les défis et les obstacles qui arrivent toujours qu’on le veuille ou non.
La peur rend « insécure », mais l’éducation et la persévérance dans l’apprentissage donnent de l’assurance. Par rapport à l’acquisition d’une langue, l’accent doit être mis sur la progression et non l’atteinte de la perfection. Quand nous sommes dans cet état d’esprit, il est plus facile de prendre le risque de parler et de s’améliorer dans la langue que nous souhaitons améliorer.
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