Comprendre les réalités autochtones: une étape essentielle pour créer des ponts

Quel vocabulaire adopter pour parler des réalités autochtones? Comment amorcer une démarche de décolonisation personnelle? Comment surmonter l’inconfort qui accompagne ce processus ? Lors d’une conférence donnée dans le cadre du congrès 2024 de l’ACELF, Xavier Watso, créateur de contenu abénakis et chroniqueur, a abordé des questions essentielles liées aux réalités autochtones. S es réflexions offrent des pistes concrètes pour devenir des informées et engagées dans le respect des Premiers Peuples.
L’importance d’utiliser les termes actuels
Les mots ont un impact profond. Notamment lorsqu’ils véhiculent des préjugés ou perpétuent des inégalités. Pour les Premiers Peuples, la réappropriation du vocabulaire qui les représente fait partie du processus de décolonisation. C’est une question de respect. Et la terminologie évolue rapidement. «On est toujours en train d’apprendre, moi également», confie Xavier.
Revenons donc à la base. Le terme «autochtones» est approprié, mais il demeure général. Il désigne les Premiers Peuples de partout dans le monde. Au Canada, nous avons un terme spécifique pour parler des peuples autochtones: Premiers Peuples. Il regroupe les Premières Nations, les Métis et les Inuit. Vous connaissez le nom de la nation à laquelle vous vous adressez? C’est encore mieux! Utiliser un terme précis démontre non seulement votre respect, mais aussi votre reconnaissance de l’identité unique de cette nation.
En classe, cela peut se traduire par des recherches sur les communautés locales. Et l’apprentissage de quelques mots dans leur langue, comme des salutations et des remerciements. Il est facile d’établir un parallèle avec les élèves en expliquant que nous sommes reconnaissants lorsque des visiteurs nous parlent en français, chez nous. Ces gestes simples illustrent le respect et peuvent inspirer les élèves à adopter des pratiques inclusives. Vous pourriez également analyser les langues des Premiers Peuples en lien avec les mots utilisés dans la langue française avec l’activité Des mots qui en disent long de la Banque d’activités pédagogiques (BAP) de l’ACELF.
Xavier établit aussi un parallèle entre les Premiers Peuples et les francophones en milieu minoritaire: «Nous partageons tous le désir de protéger notre langue et notre culture». Cette comparaison renforce la nécessité d’une solidarité interculturelle et d’une compréhension mutuelle.
Dans sa conférence, Xavier parle des «3R» essentiels à la réconciliation: Respect et reconnaissance, Réparation et Réconciliation. Ces principes vont bien plus loin que des gestes symboliques, exigeant des actions concrètes pour viser la réparation, et non simplement la reconnaissance des injustices. «La reconnaissance des territoires est la première marche d’un long escalier,» a-t-il rappelé. Il faut fournir des efforts continus pour atteindre la réconciliation. C’est un travail d’équipe. Et ce processus n’est pas qu’une question de passé. Les Premiers Peuples ont vécu et vivent encore plusieurs événements discriminatoires. Il est donc crucial de reconnaître le contexte sociohistorique, autant passé qu’actuel, pour avancer collectivement. Écouter leurs messages. Reconnaître le racisme systémique.
Décolonisation et introspection
La décolonisation commence par soi-même. Xavier insiste sur l’importance «d’apprendre à désapprendre» nos biais et préjugés. Ce processus peut provoquer de l’inconfort. Mais il est essentiel pour éviter l’indifférence, la déresponsabilisation et l’inaction.
La décolonisation implique plus qu’un simple changement de vocabulaire. Elle vise à réparer les dommages causés aux peuples autochtones. Il faut se demander ce que nous pouvons faire personnellement, à petite échelle, pour faire avancer les choses. Se demander comment modifier notre façon de penser et notre approche. Chaque geste compte et peut déclencher un effet boule de neige aux répercussions positives.
En classe, vous pourriez avoir une discussion avec vos élèves sur l’appropriation culturelle et l’appréciation culturelle, qui repose sur le respect culturel et la reconnaissance des savoirs.
Une perspective positive pour l’avenir
Les médias, sociaux et traditionnels, jouent un rôle clé dans la valorisation des langues et des cultures autochtones. Xavier est un bon exemple. Avec 55 000 abonnés sur TikTok, il a pu faire entendre sa voix bien au-delà des communautés autochtones. Il sensibilise aussi le grand public aux réalités des Premiers Peuples lors de chroniques à la radio et à la télé. Cette visibilité lui permet de diffuser des messages cruciaux sur la décolonisation et la valorisation des cultures autochtones.
Dans sa conférence, Xavier propose également des ressources éducatives pour approfondir ces enjeux. Ces outils pourraient, entre autres, vous permettre d’amorcer des discussions avec vos élèves.
- La série Décoloniser l’histoire à Télé-Québec – mise en lumière d’événements méconnus de l’histoire québécoise.
- Le documentaire Où sont tes plumes? – deux duos de sœurs partagent avec humour leur point de vue sur les préjugés envers les Premières Nations.
- Mikana – organisme autochtone sans but lucratif qui a pour mission d’œuvrer au changement social en sensibilisant différents publics sur les réalités et perspectives des peuples autochtones.
Vous cherchez des activités pédagogiques en lien avec les Premiers Peuples? La Banque d’activités pédagogiques (BAP) de l’ACELF propose des activités permettant d’aborder ces sujets avec respect et créativité. Vous trouverez également de nombreux articles et vidéos sur le sujet sur le Blogue Francosphère de l’ACELF
Ensemble, nous pouvons contribuer à une réconciliation véritable, portée par des gestes concrets et un dialogue continu.
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