La salle de classe, un espace pour la réconciliation
L’éducation est au centre de l’avancement de nos sociétés. À l’ère de la réconciliation entre les allochtones et les membres des Premières Nations, Métis et Inuits, de plus en plus de milieux éducatifs proposent des initiatives prometteuses. Ces dernières permettent aux perspectives autochtones et métisses de rayonner et de stimuler les réflexions. Le cours Perspectives autochtones en contexte scolaire, offert à l’Université de Saint-Boniface, au Manitoba, est l’une de ces initiatives. Pour six étudiantes et étudiants franco-manitobains métis, il a été l’amorce ayant mené à la rédaction d’un article paru dans le numéro « Vers l’autochtonisation : pratiques éducatives inspirantes à l’ère de la réconciliation » de la revue Éducation et francophonie. Ces étudiantes et étudiants en éducation y explorent notamment, en collaboration avec leur professeure, Laura Sims, les complexités vécues dans leur cheminement identitaire et éducatif.
Francosphère a rencontré Roxane Gagné et Camille Brémault qui ont participé à la rédaction de l’article « T’es métis, toi?! Des réflexions d’étudiantes et d’étudiants universitaires franco-manitobains métis à propos de leur identité culturelle, de la réconciliation et de l’éducation ». Dans cette vidéo, elles partagent avec authenticité leurs réflexions sur leur construction identitaire en tant que Franco-Métisses. Elles expliquent aussi leur perception quant à leur rôle de futures enseignantes dans le contexte de la réconciliation.
La francophonie, en tant qu’espace d’ouverture
« Les étudiantes coauteures et les étudiants coauteurs métis sont confiants et [souhaitent] utiliser la francophonie comme un outil pour agrandir l’espace francophone », mentionne-t-on dans l’article. Ces futures enseignantes et futurs enseignants soulignent la pertinence de pouvoir aborder les réalités métisses et autochtones dans un cheminement éducatif de langue française. « En contexte éducatif, nous voulons faire valoir l’importance de créer des occasions [pour] échanger à propos [d’]expériences et de […] questionnements. Nous soulignons l’importance d’aborder les enjeux complexes et difficiles, notamment les séquelles de la colonisation, de façon informée et empathique. Nous affirmons l’importance de fournir des occasions pour rencontrer et échanger avec des modèles métis et autochtones inspirants. »
« En enseignement, on parle de l’importance de la construction identitaire et des passeurs culturels pour la francophonie. [En tant que Métisse], je n’ai pas eu cette partie-là de mon héritage, de ma culture. [Cependant, en abordant ces sujets, cela permet] d’ouvrir une fenêtre pour en parler et continuer à découvrir cette partie de soi », explique Camille.
Dans cette optique, la francophonie est vécue comme un lieu de rencontre. Un endroit où se définir. Un lieu pour ouvrir ses horizons et partager. C’est dans cet esprit que les coauteures et coauteurs souhaitent enseigner à leurs élèves.
Enseigner et construire la société de demain
« Ce qui est […] clair pour tous, c’est que nous avons une responsabilité de passer un message d’acceptation et d’amour aux jeunes avec qui nous allons travailler », écrivent les coauteures et coauteurs dans l’article.
« Je pense que c’est très important de commencer à ramener les aspects [des identités, des cultures et des perspectives métisses et autochtones] dans la salle de classe. C’est super important d’en parler », explique Roxane. « Moi, j’essaie autant que possible d’adapter des leçons à la façon métisse autochtone. » Elle mentionne l’importance « d’être capable de comprendre les enjeux » en présentant ces aspects aux élèves dès les premières années scolaires.
« Comme future enseignante, l’approche que j’aimerais prendre, c’est celle que j’ai eu la chance de vivre dans mon cours Perspectives autochtones en contexte scolaire. Elle a fait en sorte que j’ai pu en découvrir plus sur moi-même. Je veux mettre [en place cette] approche pédagogique qui met en valeur les relations, la participation, l’expérience concrète et la démocratie. [Je souhaite que les] élèves aient la chance de participer et de donner leurs perspectives, [en plus] de développer des valeurs comme l’empathie et la pensée critique », ajoute Camille.
Un article à lire, pour voir les choses autrement
Cet article de la revue Éducation et francophonie aborde des sujets importants. Il pose des questions pertinentes. Il fait découvrir des vécus dont on entend peu souvent parler. Pour toute future enseignante et tout futur enseignant se dessine la tâche de former la prochaine génération. Pour dissiper le racisme. Pour faire connaître les perspectives métisses et autochtones. Pour bâtir des ponts et créer des liens. Pour aider les jeunes à mieux se connaître et à mieux comprendre les autres. Nous avons un rôle important à jouer et nous pouvons contribuer, ensemble, à faire avancer les choses. Cet article permet de le percevoir : nos milieux éducatifs francophones peuvent devenir des points d’ancrage de la réconciliation.
Au fait, la revue Éducation et francophonie, c’est quoi?
Éducation et francophonie est une revue scientifique arbitrée, publiée par l’ACELF, qui présente des résultats de recherche inédits sur l’éducation en langue française. Depuis 1971, elle contribue à l’avancement des connaissances en éducation francophone au Canada et stimule la réflexion des leaders du domaine. Les thèmes qu’elle aborde touchent tous les ordres d’enseignement et font appel à la contribution de chercheuses et de chercheurs à travers la francophonie canadienne et internationale.
Le numéro « Vers l’autochtonisation : pratiques éducatives inspirantes à l’ère de la réconciliation » est paru au printemps 2021. Il met en lumière des projets de recherche menés dans les milieux éducatifs avec/par/pour les communautés autochtones au Canada. Vous aimeriez en savoir plus? Faites la lecture de ce numéro de la revue dès maintenant!
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