Créons la suite: pour une politique linguistique et culturelle bien vivante au Nouveau-Brunswick

29 avril 2019
par Francosphère - Texte d'André Magny

Quelque 265 ans après la déportation, l’Acadie est toujours sur ses pattes! Et elle a encore quelque chose à dire comme le souligne le poète acadien Gabriel Robichaud. Et tout comme l’avait fait avant lui Pélagie-la-Charrette, l’héroïne d’Antonine Maillet, elle trace de nouveau le chemin avec sa Politique d’aménagement linguistique et culturel (PALC).

La Politique d’aménagement linguistique et culturel du Nouveau-Brunswick (PALC) est un outil qui propose à la communauté acadienne et francophone de cette province plusieurs stratégies pour aider à l’épanouissement des générations actuelles et à venir. La PALC participe également au dynamisme et à la survie de la langue française et de la culture acadienne.

C’est à l’aube des années 2010 qu’une réflexion s’amorce sur un projet de société pour les francophones du Nouveau-Brunswick, la PALC. Plus de 200 leaders et spécialistes du monde de l’éducation francophone y participent. Cinq ans plus tard, en 2014, l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick adopte à l’unanimité la Politique d’aménagement linguistique et culturel. Cette politique doit répondre aux multiples défis liés à sa situation linguistique minoritaire. Parmi ceux-ci, on compte la difficulté de transmettre la langue et de favoriser l’appropriation de la culture d’expression française.

Auparavant, en 1977, le Québec avait légiféré sur le français à travers plusieurs lois, dont la plus célèbre, la loi 101, ou la Charte de la langue française. Quant aux Franco-Ontariens, c’est en 2004 que la Politique d’aménagement linguistique (PAL) est entrée en vigueur.

Aller plus loin

Dix ans plus tard, les différents acteurs de cette PALC tiennent maintenant à aller plus loin. De manière très concrète. C’est dans ce contexte qu’est née la phase Créons la suite.

C’est un mouvement « pour développer la construction identitaire » comme le mentionne Sophie Lacroix, une des chefs d’orchestre de ce projet au ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick (MEDPE). Cela permet ainsi de faire sentir à tout le monde qu’il a sa place dans cette francophonie. Autrement dit : la francophonie sera plus forte si elle est inclusive.

Cette inclusion brise «les silos», selon Lucie Aounetse, gestionnaire de la PALC au ministère de l’Éducation et de la Petite enfance. Cela amène les gens à travailler ensemble et à unir leurs forces.

Comment ça marche?

Il est important au départ de définir les concepts. De faire en sorte que Monsieur ou Madame Tout le monde comprenne bien les notions, par exemple, de «construction identitaire» ou encore de «projet de société».

Une fois les principales notions précisées, reste à les faire connaître. Toute une stratégie de communication et de diffusion doit alors s’enclencher. Comment? Pensons à la création d’un site web, creonslasuite.ca, regroupant des exemples de projets réussis. Ou à un répertoire de personnes et d’organismes ressources qui alimenteront des activités ou des projets en lien avec la promotion de la langue française et de la culture acadienne. Ça peut aussi être au moyen de capsules vidéos – au besoin, l’humour est d’ailleurs un outil intéressant! – qui seront par la suite diffusées par l’intermédiaire de différents réseaux sociaux. En créant un site web, en utilisant Twitter et Facebook, les communautés désireuses de mieux diffuser leurs démarches en matière de construction identitaire assureront ainsi une visibilité accrue de leur francophonie. Elles seront ainsi en mesure de mieux faire connaître à la fois leurs projets et de partager leurs ressources, en plus de créer du contenu en français unique pour le numérique.

Savoir rassembler

En mettant l’accent sur une poursuite concrète de la PALC, cela aura aussi permis d’amener certains organismes à encore mieux s’engager dans le transfert de la culture. Véritable mouvement d’action, Créons la suite amène l’engouement, l’engagement de divers partenaires. Ils sentent que la réflexion faite autour de ce moteur d’action ne sera pas remisée sur une tablette. Résultat, ils sautent dans la mêlée!

Ce fut le cas de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick. Sa présidente, Solange Haché, est catégorique : «Bien que nous soyons une association francophone, sans le mouvement Créons la suite, je ne suis pas certaine qu’on aurait élaboré un plan d’action pour intégrer des actions concrètes dans notre planification stratégique pour contribuer à la transmission et à la valorisation de la langue.»

Un mouvement résolument engagé vers sa communauté est synonyme d’esprit contagieux. Il le sera d’autant plus s’il est intergénérationnel et ouvert sur les autres, que ce soit en accueillant des gens qui n’ont pas nécessairement le français comme langue maternelle. Et en incluant dans sa démarche la construction de liens, de ponts avec les Premières Nations, par exemple.

«Être patient»

Aux communautés, aux provinces, aux territoires qui voudraient suivre les traces du Nouveau-Brunswick, Sophie Lacroix martèle le même message : prendre le temps d’apprendre à connaître les partenaires avec lesquels elles feront affaire. En se jaugeant ainsi, les uns et les autres apprendront à mieux connaître les forces et les faiblesses de chacun. «On est ici pour faire le même lit. Ça ne sert à rien de tirer les couvertures chacun de son côté.»

Qu’on fasse partie d’organismes communautaires, du gouvernement, du milieu de l’éducation, si les différents partenaires mettent ensemble leurs forces, cela créera à coup sûr un impact sur la francophonie.

Après tout, même au fond de la baie de Bouctouche, dans les rues de Maillardville ou sur le Campus Saint-Jean à Edmonton, «les possibles sont infinis» comme dirait Antonine Maillet.

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