Un mandat simple: toucher les cœurs

«Le mandat des milieux éducatifs minoritaires, en bon jargon, c’est de toucher la tête et le cœur,» explique Sylvain Giroux, accompagnateur du groupe Direction/postes de leadership aux Stages de perfectionnement de l’ACELF. Comment allier harmonieusement la transmission des savoirs à celle de la culture francophone auprès de nos élèves? Des stagiaires de l’édition 2025 des Stages de perfectionnement étudient la question à travers des discussions passionnées dans l’atelier Mandat et raison d’être, animé par Sylvain et Cindy Vachon, accompagnatrice du groupe Secondaire. Tout le monde est d’accord, investir dans la construction identitaire des jeunes, c’est gagnant à long terme. Mais le temps et les ressources diffèrent d’un milieu à l’autre. Est-ce que le manda spécifique des milieux éducatifs francophones peut se réaliser aussi facilement qu’il se résume? Oui. Avec un leadership engageant et rassembleur qui rejoint l’ensemble des membres de l’équipe-école. Découvrez des pistes d’actions concrètes issues des réflexions des stagiaires.
La connexion qui fait grandir la relation
«Qu’est-ce qu’on fait quand on voit des profs parler en anglais avec des élèves dans les corridors?»
«C’est la responsabilité de qui de créer les structures pour accompagner les familles de nouveaux arrivants?»
Ces questions mènent à des discussions riches chez les stagiaires. Il n’y a pas de lignes directrices qui encadrent les interactions avec les différents membres de la communauté éducative. C’est la conclusion à laquelle arrivent deux stagiaires, Takam Djambong, leader pédagogique en actualisation linguistique, et Sylvie Legault, agente pédagogique – nouveaux arrivants et anglais langue seconde, tous deux au District scolaire francophone Sud au Nouveau-Brunswick. Pourtant, ces interactions sont aussi déterminantes que le cursus éducatif. C’est grâce à elles qu’on arrive à créer les connexions sur lesquelles repose une des parties essentielles du mandat en milieu éducatif : favoriser la construction identitaire francophone. Et c’est majoritairement en dehors des contextes d’enseignements formels que ces liens essentiels se tissent.
Donc un membre du personnel qui discute en anglais avec des élèves dans un corridor, c’est une occasion d’apprentissage informelle perdue. Et les liens si précieux se tissent malheureusement… en anglais. Que faire pour encadrer ce genre d’interaction? Comme le mentionne Sylvie: «On ne peut pas émettre des directives sur tout.» La solution de Sylvain: «ça prend une culture d’établissement qui permet d’arrimer les membres du personnel». Pour y arriver, ça commence avec l’engagement de la direction. «C’est la personne qui incarne un modèle de passeur et de médiateur culturel. C’est le modèle pour les membres du personnel, qui vont devenir des modèles pour les enfants et les élèves», complète Cindy.
Une base solide, des apprentissages significatifs
«Si la direction est à l’entrée pour accueillir les jeunes et leur dire bonjour le matin, si elle est présente, c’est un passeur», explique Cindy. Une petite action produit de grands résultats si elle est authentique. Et les activités informelles et non formelles appartiennent à cette catégorie. Une culture d’établissement, c’est la toile dessinée par tous les liens tissés au cours de nos interactions. Grâce à ces liens, la communication et la compréhension mutuelle deviennent naturelles dans la communauté éducative. «Une direction d’école qui va prendre le temps d’aller à la rencontre des gens, de connaître son personnel, les parents, les enfants, c’est très important. C’est le côté informel qui va contribuer à améliorer le climat», exprime Sylvain.

Parfois, il suffit de demander…
Durant l’atelier, les échanges mènent aux référents culturels et sur l’ampleur du travail de recherche nécessaire pour représenter toutes les cultures dans certains groupes. Spontanément, Sylvie mentionne: «demandez à vos élèves. Ce sont eux qui connaissent le mieux leurs référents!». Plus on consulte et on implique les élèves, les parents, le personnel éducatif et les partenaires communautaires, plus on sera en mesure de répondre à leurs besoins. Et surtout, plus on aura d’appui et de collaboration. Si la direction applique ce principe, les autres membres de la communauté éducative auront envie d’en faire autant. Et quand tout le monde participe, l’engagement devient un véritable moteur qui permet à tout le milieu d’aller plus loin.
Il est vrai que sur le terrain, le niveau d’engagement varie beaucoup d’une personne à l’autre. Comme le souligne Takam, le sentiment d’appartenance à la francophonie joue un grand rôle sur l’envie de s’impliquer. «Chaque personne a un rapport différent à la langue en fonction de son expérience de vie. Comment fait-on pour arriver à engager tout le monde?», demande-t-il. On revient au fameux climat du milieu éducatif. Alors, comment concrètement créer un climat où chacun se sent à sa place? Les stagiaires ont donné de multiples exemples d’actions pour y arriver:
- Accueillir et discuter le plus tôt possible des façons dont ils pourraient s’impliquer dans le milieu éducatif.
- Organiser une foire communautaire pour faire connaître les organismes francophones au personnel, aux parents et aux enfants/élèves.
- Donner accès à différents moyens d’expression aux jeunes en s’affiliant avec un centre d’art.
On fait alors de la cocréation et c’est la formule gagnante pour susciter l’engagement. Ça donnera des ailes à nos actions culturelles.
Partager les succès
Le mandat des milieux éducatifs francophones, ce n’est pas que de toucher la tête et le cœur des enfants ou des élèves. C’est de toucher le cœur des parents, du personnel et de la communauté. Et si la direction crée un environnement auquel tout le monde a envie d’appartenir, «ça va être un modèle collaboratif», dit Sylvain. «Tout le monde va vouloir le succès de l’école, le succès de la classe, le succès de l’enseignante et ainsi de suite. Donc je me dis, plus on tisse des liens ensemble, plus on va créer un succès.»
Alors, avec qui tisserez-vous des liens demain?
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