Une monitrice ou un moniteur de langue, qu’est-ce que c’est?
Du bonheur. De l’amusement. Des apprentissages tout en se divertissant. C’est ce qu’offrent les monitrices et moniteurs de langue aux élèves en leur faisant explorer la langue française et la culture francophone. Leur rôle dans le développement identitaire des jeunes est si important. Mais que font plus concrètement ces personnes dans nos écoles de langue française? Pour le savoir, on a interrogé Anne-Marie Rioux, qui a été membre de l’équipe d’animation de la formation pour les monitrices et moniteurs de langues Odyssée et qui occupe le poste de directrice des programmes et de la formation à la Commission scolaire de langue française (CSLF), ainsi qu’Adèle Gaudet, qui joue notamment le rôle de monitrice de langue à l’école Pierre-Chiasson, à Deblois, à l’Île-du-Prince-Édouard.
S’amuser en français
Pour Adèle, être monitrice de langue, c’est «avoir l’espace, l’opportunité de créer des jeux et de partager mon amour pour le français avec les jeunes», indique-t-elle. Et c’est bien ce qu’il y a de si particulier dans ce rôle: faire vivre la francophonie auprès des élèves dans le plaisir et en faire une priorité au quotidien.
«C’est tellement un emploi dynamique, c’est différent tous les jours», poursuit Adèle, visiblement passionnée par son travail. «Je pense que [les talents et les intérêts de chaque monitrice ou moniteur de langue] va porter ce à quoi son poste va ressembler. Personnellement, j’aime toucher à tout: faire de la lecture, des jeux de communication orale, des jeux dynamiques dehors, des jeux de table, des bricolages…», indique-t-elle. Car, dans le cadre de son travail, elle crée à l’école une ambiance «plus relax. On s’amuse et il y a beaucoup de rires», partage l’Acadienne.
Des gardiennes et gardiens de la francophonie
Selon Anne-Marie Rioux, les monitrices et moniteurs de langue sont définitivement de grands atouts dans nos écoles. Ces membres du personnel travaillent à «jouer avec la langue française», résume-t-elle. Elle ajoute que les monitrices et moniteurs offrent aussi aux équipes-écoles un regard distinctif visant à faire briller la francophonie de façon ludique. Notamment en faisant des suggestions et en proposant des projets.
«Les monitrices et moniteurs vont nous amener des activités, des choses pour faire vivre des traditions [francophones, par exemple]. J’aime les appeler les gardiennes ou les gardiens de la langue ou de cette fierté [pour la francophonie parce que] ces personnes, par leur rôle, sont un peu comme des gardiennes ou des gardiens de phare», poursuit Anne-Marie. Elle donne l’exemple d’un moniteur de langue qui avait organisé une visite des élèves au Musée acadien «pour sortir de l’école et faire des apprentissages concrets», ou encore la suggestion d’Adèle de diffuser des émissions en français à la cafétéria pour soutenir «l’apprentissage du français et faire découvrir aux élèves des référents culturels».
Un rôle déterminant en construction identitaire
En créant toutes sortes d’activités, les monitrices et moniteurs permettent aux jeunes d’associer la langue française et la culture francophone à des moments réjouissants. De cette façon, «les monitrices et moniteurs de langue [aident les jeunes à] développer un rapport positif à la langue française», explique Anne-Marie Rioux. C’est notamment de cette façon que ces personnes ont un impact dans le choix des jeunes de faire une place importante à la francophonie dans leur vie. Et c’est pour cette raison que ces personnes jouent un rôle si significatif en construction identitaire. D’ailleurs, ça se manifeste de plusieurs façons.
Des modèles pour les jeunes
D’abord, les monitrices et moniteurs de langue sont des modèles francophones accessibles et actuels. En effet, en partageant l’importance de la francophonie dans leur vie, ces personnes donnent envie aux élèves de faire de même. C’est ce que pense Anne-Marie. «À chaque fois qu’on a eu des monitrices et moniteurs de langue, j’ai vu [les effets] de leur rôle de modèle chez les jeunes au niveau de la transmission de la langue», confie-t-elle.
Adèle spécifie que son emploi l’a d’ailleurs menée à réfléchir à sa propre construction identitaire, un partage qu’elle aime faire avec les jeunes. «Arrivée ici, je suis tombée en amour avec l’atmosphère, les élèves, les collègues, tout. Mais ce qui m’a le plus surprise, c’est que je n’avais pas réalisé à quel point le français me manquait dans ma vie. Ma vie d’adulte était en anglais. Mais en rentrant ici, j’ai fait: wow! Le français, c’est toute une partie de moi, de ma personnalité, de mon cerveau et de mon cœur. Maintenant, j’ai ça dans ma vie», explique-t-elle, heureuse à la fois d’avoir la chance de travailler en français, mais aussi de faire vibrer la langue française et la culture francophone dans le quotidien des jeunes.
Des passeurs culturels
De plus, en partageant la culture francophone, «les monitrices et moniteurs de langue sont des passeurs culturels», explique Anne-Marie, elle-même récipiendaire du prix Passeur culturel 2022 de l’ACELF. Entre autres, les monitrices et moniteurs de langue «amènent les jeunes à découvrir des référents culturels. Ce n’est pas juste les vedettes, la musique… Ça peut être [ce que la monitrice ou le moniteur] mange dans ses partys de famille. Ou ça peut être des coutumes, des traditions», indique-t-elle.
«Ce qui est spécial, quand tu es passeur culturel, ce sont les réflexions personnelles sur ton expérience, pour que tu puisses les transmettre et les amener [aux jeunes]. C’est super intéressant, j’ai dû penser à: c’est quoi spécifiquement les aspects culturels de ma vie acadienne ou francophone? J’essaie ensuite d’amener ça dans mon travail», complète Adèle.
Pour rendre l’expérience encore plus marquante
Et quels sont les conseils des deux Prince-Édouardiennes pour que la présence d’une monitrice ou d’un moniteur de langue à l’école soit un succès?
Apprendre à se connaître, en toute authenticité
Adèle explique qu’il faut prendre le temps de se connaître pour créer un climat de confiance afin de jouer pleinement le rôle de monitrice ou moniteur de langue. Au début de l’année scolaire, «je me présente à chaque groupe et je trouve que ça fait une énorme différence. Je parle des voyages que j’ai faits, de mes [champs] d’intérêt, [que la francophonie] m’avait vraiment manqué [ou le fait que j’ai moi aussi fréquenté] une école de langue française au Nouveau-Brunswick. Ça crée plus de liens, plus de connexions avec les élèves, ça vient les chercher», explique-t-elle en soulignant qu’elle aime particulièrement apprendre à connaître chaque jeune. Anne-Marie Rioux ajoute que dans cette démarche, «être authentique avec les élèves, c’est important. Les jeunes sont curieuses et curieux et veulent [créer] une connexion».
Collaborer avec l’équipe-école
Les monitrices et moniteurs de langue travaillent en collaboration avec l’équipe-école. Ainsi, la création de liens avec les membres du personnel est également un aspect essentiel du travail. À cet égard, «l’accueil est super important. Je dis aussi aux monitrices et moniteurs que c’est important d’aller manger avec le personnel et en début de journée, d’aller se promener dans l’école. C’est vraiment la clé, si on veut s’intégrer. Il faut que tu t’impliques, que tu ailles voir les gens, que tu jases avec eux puis là, ils vont te connaître et vouloir aller te chercher pour travailler dans leur classe ou participer à leurs activités», explique la directrice des programmes et de la formation.
Il faut aussi se faire confiance et oser proposer des idées, pense Adèle. «Avec le temps, tu te sens de plus en plus confortable, tu te sens de plus en plus faire partie de l’équipe, puis tu as plus de confiance. [Alors,] tu peux amener plus de toi-même», poursuit la monitrice.
Comment devenir monitrice ou moniteur de langue?
Ce poste vous intéresse? Il est possible de déposer votre candidature pour devenir monitrice ou moniteur de français langue première (FLP) au programme Odyssée, qui offre d’épanouissantes opportunités dans des écoles francophones partout au Canada. D’autres avenues sont aussi possibles. Dans le cas d’Adèle, celle-ci a directement offert ses services à l’école de langue française de sa région et a ensuite suivi la formation pour devenir monitrice de langue.
Comment mieux saisir le rôle des monitrices et moniteurs de langue en construction identitaire?
Le fascicule 11: Le rôle des monitrices et des moniteurs de français langue première de notre série Comprendre la construction identitaire a justement été conçue pour vous outiller. Il contient de l’inspiration pour jouer le rôle d’accompagnement des jeunes dans leur construction identitaire francophone. Des conseils pour leur faire explorer leur francosphère. Et des idées pour miser sur ce grand atout: faire découvrir la francophonie à travers des expériences positives et ludiques.
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