Un stage en francophonie canadienne : complètement ailleurs!

Image hero
23 février 2021
par Francosphère - Texte d'André Magny

Partir à l’aventure. Découvrir de nouvelles approches pédagogiques. Sortir de sa zone de confort. Voilà quelques raisons qui poussent les étudiantes et les étudiants en éducation à vouloir faire un stage ailleurs. Et si tout ça était possible sans traverser l’océan? Et si en bonus les stagiaires découvraient une communauté francophone fière et engagée?

C’est ce qui est arrivé aux étudiantes et aux étudiants qui ont participé au programme de Stages en enseignement de l’ACELF, en faisant leur stage de 3e année dans une communauté francophone du Canada.

Voyez comment cette expérience complètement unique a marqué la vie de centaines de participantes et de participants. Nous vous partageons ici les 5 faits saillants témoignés par les stagiaires ayant participé au programme en 2018 et en 2019.

Complètement… accueillant!

C’est vrai. C’est souvent le désir de voyager et de découvrir une autre région qui motivent les étudiantes et les étudiants à faire un stage loin de la maison. Mais ça ne veut pas dire que c’est évident pour autant. Cependant, cette petite insécurité disparaît très vite avec l’accueil reçu. Caroll-Ann St-Gelais, stagiaire en Ontario, raconte : « Lorsque lundi est enfin arrivé, l’accueil a été très chaleureux. Les membres du personnel m’ont souhaité la bienvenue, m’ont très bien intégrée et m’ont fait sentir que je faisais partie de l’équipe. » Ce sentiment de faire partie de la famille est présent dans les témoignages de tous les stagiaires.

Les enseignantes et les enseignants qui reçoivent les stagiaires sont dynamiques, motivés tant au sein de leur classe que de leur établissement scolaire. Les stagiaires ont aussi aimé échanger avec d’autres membres du personnel. En milieu minoritaire, les échanges sont fréquents, l’entraide est au rendez-vous.

Les stagiaires ont aussi été touchés par l’accueil des gens de la communauté. On les inclut rapidement dans le milieu comme s’ils avaient toujours été présents. Ils font partie de la famille dès leur arrivée. Chloé Dion, stagiaire au Manitoba, dit être « tombée amoureuse de cette province. Des plaines à perte de vue, des couchers de soleil rosés et orangés, des petites boutiques locales et surtout des gens très chaleureux et ouverts d’esprit qui m’ont accueillie les bras ouverts. »

Complètement… formateur!

D’un point de vue essentiellement pédagogique, les expériences vécues en sol canadien accompagneront pour un bon bout de temps nos futurs enseignants et enseignantes.

Les stagiaires ont constaté que l’école est plus qu’un simple endroit pour s’instruire. C’est aussi un lieu pour se développer culturellement parlant. Marie-Ève Moreau, stagiaire en Colombie-Britannique, a compris que, dans cette province, l’école est souvent le seul endroit où les élèves peuvent parler français. Elle estime qu’en parlant français avec d’autres personnes, les jeunes vont ainsi tisser des liens avec d’autres francophones. Selon elle, ils pourront « s’identifier en tant que francophones avec fierté et continuer à parler français une fois qu’ils ne seront plus sur les bancs d’école. »

De son côté, Charles Boucher a œuvré dans un environnement scolaire différent de ce qu’il avait connu au Québec. Dans sa classe ontarienne, les élèves avaient une plus grande mouvance. Cela leur permettait de travailler en dyade ou en petits groupes. Idem pour Maude Dubé-Laroche, qui a été ravie de travailler dans une classe dite flexible au Yukon. « J’ai compris que c’est à nous de nous adapter aux besoins des élèves et non l’inverse. »

Un stage en enseignement, c’est l’occasion de comparer ce qu’on a appris à l’université avec la réalité. C’est aussi l’occasion de se questionner sur son choix de carrière. Les participantes et les participants au programme de l’ACELF en sont tous sortis avec le désir de continuer dans la voie de l’enseignement. Et même d’aller enseigner en milieu minoritaire!

« Ma vision de l’enseignement ne serait pas du tout la même sans ce stage, qui m’a permis d’ouvrir mes horizons. Sincèrement, je crois que tout le monde devrait être dans l’obligation de faire un stage dans un milieu minoritaire afin de comprendre cette réalité. Il faut la vivre pour la comprendre. Ce stage m’a donné beaucoup plus d’outils que si j’étais restée au Québec. » – Annabelle Gosselin, stagiaire au Yukon

Complètement… enrichissant!

La profession enseignante est tellement valorisante tant sur le plan professionnel que personnel. C’est aussi un milieu où l’on apprend constamment sur divers tableaux : stratégies pédagogiques, gestion de classe, collaboration avec l’équipe-école, etc.

Le constat des stagiaires est qu’en milieu minoritaire il est indispensable d’être créatif et de collaborer avec ses pairs afin d’accompagner les élèves à faire une place à la langue française et à la culture francophone dans leur vie.

Marie-Noëlle Payeur, stagiaire en Ontario, a été agréablement surprise par le partage de ressources entre enseignants. « Trouver ici des ressources francophones, c’est un peu plus difficile, mais les enseignants s’aident vraiment beaucoup. »

Enseigner en milieu minoritaire, c’est aussi prendre conscience qu’on sert de modèles pour les jeunes francophones qui sont assis devant nous. C’est un constat qu’a fait Annabelle Gosselin, stagiaire au Yukon. « D’avoir été dans une classe où la majorité des élèves utilise plus l’anglais dans leur vie au quotidien m’a fait réaliser que j’étais encore plus un modèle que je ne le croyais. Je n’avais jamais réfléchi à la façon dont je m’exprimais et c’est ici que j’ai compris ce que cela impliquait dans mon futur métier. »

Sabrina Lessard a, quant à elle, remarqué que les élèves étaient aussi des modèles les uns pour les autres. « Les élèves de maternelle adorent travailler avec des élèves plus vieux et ces mêmes élèves leur servent également de modèle de langue française. »

Certains, comme Chloé Dion, ont aussi observé que les élèves manquaient de confiance lorsqu’ils s’exprimaient en français. « En français, je dois leur rappeler de parler plus fort, de regarder la classe quand ils parlent tandis que lorsqu’ils parlent en anglais, je remarque tout de suite qu’ils sont plus confiants. Pourtant, ils sont fiers de leur langue. Il faut leur rappeler qu’ils sont bons et bonnes. » Cette réalité, c’est l’insécurité linguistique. La crainte de s’exprimer en français, même si c’est notre langue. Parce qu’on a l’impression que notre français n’est pas bon. Et pourtant, tous les types de français, avec leurs accents propres, nourrissent notre culture et notre identité.

Complètement… fier!

En côtoyant pendant deux mois des francophones vivant en situation minoritaire, les stagiaires ont découvert un français bien vivant. C’est une langue parlée avec fierté. Ce sentiment à l’égard de la langue française et de la culture francophone a été ressenti par plusieurs stagiaires. Cette fierté les a touchées.

Pour Meagann Coulombe, son passage au Yukon lui a démontré une réalité bien différente de celle du Québec. « Au Yukon, puisque la langue parlée par la majorité est l’anglais, les gens qui parlent français sont fiers. Mais surtout, ils accordent une grande importance à cette langue. »

Au Manitoba, le français a de solides racines. Les stagiaires qui se sont rendus là-bas ont pu le constater. C’est le cas de Myranie Bélanger. Son séjour lui aura permis de comprendre que, dans son école franco-manitobaine, l’apprentissage se faisait non seulement dans le domaine scolaire, mais aussi dans le vivre-ensemble. « Les gens sont très attachés à leur langue et ils en sont fiers. Les Franco-Manitobains soignent la langue française et ses expressions. »

Lors de son stage en Ontario, Sophie Bergeron a aussi observé cette fierté : « Les gens ici sont fiers de pouvoir utiliser les deux langues officielles du pays. » Elle a constaté que « la langue française est très valorisée. Elle est vue comme une corde précieuse à son arc, et non comme une langue imposée. »

Même constat de la part de sa collègue Catherine Poulin, et ce, dès son arrivée. Elle compare cela à « une onde de fierté indéniable pour la langue française, autant de la part des élèves que chez les enseignants et la direction. »


Complètement… franco!

Une telle expérience en milieu minoritaire a aussi permis aux participantes et participants québécois de s’interroger sur leur propre regard à l’endroit du français. Sur leur appartenance à la langue française. Sur l’avenir de celle-ci.

Meagann Coulombe pensait que le français était quelque chose d’acquis. C’est la langue de la majorité des Québécoises et des Québécois après tout. Son stage au Yukon lui a permis d’être encore plus fière de parler français. « C’est en habitant dans un milieu minoritaire francophone que l’on réalise la menace réelle qui pèse sur le français et l’importance de le protéger. »

Le stage proposé par l’ACELF a permis à certains d’avoir une toute nouvelle vision de la langue française. Par exemple, Catherine Poulin a pu voir « à quel point les Franco-Ontariens se sont battus pour conserver cette belle langue. » Ce séjour en Ontario aura sans aucun doute des répercussions dans son enseignement. Elle désire ardemment que ses futurs élèves prennent conscience de la chance qu’ils ont de vivre dans un milieu majoritairement francophone.

Même chose pour Jessica Tremblay-Pelletier, stagiaire au Yukon. Elle confie que « c’est ce stage à l’extérieur de la province qui m’a réellement fait comprendre ce que signifie l’identité culturelle et qui m’a permis de m’en forger une. »

Bref, cette expérience en francophonie canadienne a permis aux stagiaires de grandir autant sur le plan professionnel que personnel.

« Ce fut le plus beau stage de ma vie! Je recommencerais n’importe quand et j’encourage les futurs enseignants à faire un stage dans une communauté minoritaire francophone. Nous en ressortons tellement grandis! Mon stage hors Québec m’a aussi encouragée à aller faire ma maîtrise en éducation, car j’ai été impressionnée par l’enseignement/apprentissage qui régnait au sein de mon école de stage hors Québec. » – stagiaire en Colombie-Britannique

Alors, complètement conquis?

Tu aimerais en connaître davantage sur les stages hors Québec? Clique ici.

Le programme de Stages en enseignement dans les communautés francophones de l’ACELF constitue des occasions de découvrir d’autres horizons. Ce programme permet à des étudiantes et étudiants du Québec inscrits à un programme de premier cycle en éducation de réaliser un stage dans une école située dans une communauté francophone au Canada. Ces stages sont d’excellents moments de partage d’expériences dans des contextes culturels et éducatifs différents.  Le programme est financé par Patrimoine Canada.

La francosphère en action

Inspirer. Informer. Donner tout plein d’idées. Notre blogue met en valeur les meilleures pratiques en matière de construction identitaire pour alimenter la francosphère.