Un stage en enseignement en francophonie canadienne, ça se vit comment?

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15 septembre 2023
par Francosphère

Elles reviennent du Yukon, de la Nouvelle-Écosse, de l’Alberta ou du Nouveau-Brunswick. Elles sont étudiantes en enseignement dans des universités québécoises. Et dans le cadre de notre programme de stage en enseignement en milieu francophone, S3 CANADA, elles ont vécu toute une aventure! «De nos quatre expériences, chacune, on ressort avec les mêmes étoiles dans les yeux», soutient Cindy Fields, au cours d’une conversation sur cette expérience avec Jessica Boutin, Océane Houle et Amy Parent. Dans le cadre de notre série balado Rencontres (accessible sur Spotify, Apple podcast et SoundCloud), nous avons réuni ces quatre futures enseignantes qui ne se connaissaient pas auparavant, mais qui partagent pourtant une grande complicité. Prenez votre café en leur compagnie et écoutez les constats qu’elles tirent de ce stage mémorable avec S3 CANADA.

 

Bien plus qu’un stage           

«Je suis encore sur mon élan et mon enthousiasme» explique Jessica Boutin, de retour depuis peu de son stage à l’école Émilie-Tremblay, à la Commission scolaire francophone du Yukon, à Whitehorse. Étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement au primaire à l’Université du Québec à Rimouski – campus St-Georges, elle a fait le choix de vivre un stage en enseignement avec S3 CANADA. Et elle ne le regrette pas! Pour elle, ce stage se divise en différents volets «l’expérience voyage, l’expérience personnelle et toute l’expérience pédagogique derrière ça», explique-t-elle.

Complètement dépaysant

Parce que S3 CANADA, c’est de l’exploration. C’est découvrir une autre communauté francophone et une équipe-école accueillante. C’est s’immerger dans un contexte différent et ouvrir ses horizons. «Il y a plein de choses dépaysantes là-bas, même si on reste au Canada. Il y a tout l’aspect de la nature qui influence notre expérience, ça ajoute vraiment un plus. On est dans l’esprit communautaire, l’esprit d’entraide. Il y a tout ça aussi auquel j’ai pu goûter. Donc, du point de vue du voyage, c’est une super belle expérience», poursuit Jessica.

Cette impression, c’est aussi ce qu’a ressenti Amy Parent, étudiante au baccalauréat en enseignement du français à l’Université du Québec à Trois-Rivières, lorsqu’elle a fait son stage à l’école de la Rose sauvage, au Conseil scolaire FrancoSud, en Alberta. Elle explique qu’elle était dans un «état d’esprit de voyage» et qu’elle a eu un coup de cœur pour les gens qu’elle a rencontrés. «Le paysage était incroyable. Mais moi, ce n’est même pas pour ça que j’aurais déménagé, c’est vraiment pour l’école en tant que telle. C’était fou l’accueil [que j’aie eu]. J’ai tripé. L’équipe-école était incroyable, tissée serrée au bout», ajoute-t-elle, heureuse d’avoir découvert une communauté francophone et une équipe-école attachantes à Calgary, à près de 4 000 km de chez elle.

Complètement enrichissant

Cette expérience, c’est aussi un véritable enrichissement personnel modelé par de belles réalisations. C’est ce qu’a vécu Cindy Fields, étudiante au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières, lorsqu’elle a réalisé son stage à l’école L’Étincelle de Sainte-Marie-Saint-Raphaël, au District scolaire francophone Nord-Est, au Nouveau-Brunswick. «La communauté, c’est très fort là-bas. Je me suis sentie à ma place, puis respectée pour ce que j’étais. Je me suis vraiment sentie comme une personne-ressource, j’ai même pu aller donner des formations là-bas. C’était vraiment un échange. C’était génial», explique-t-elle manifestement épanouie par tout ce qu’elle a accompli lors de son stage.

«On parle souvent du sentiment de compétence dans les écoles. Quand tu arrives et que tu as une équipe-école qui te fait confiance déjà, c’est fou tout ce que tu peux arriver à faire», ajoute Amy, en mentionnant qu’elle a pu évoluer dans une ambiance propice au dépassement de soi.

Complètement formateur

Découvrir de nouvelles approches pédagogiques et développer un bagage d’outils utiles à la profession enseignante, c’est aussi un aspect majeur de l’expérience. C’est en effet ce qu’indique Océane Houle, étudiante au baccalauréat en adaptation scolaire et sociale à l’Université de Sherbrooke. Cette dernière a réalisé son stage à l’école acadienne de Truro, du Conseil scolaire acadien provincial, en Nouvelle-Écosse. «Mon stage consistait à être au Centre d’apprentissage. C’était vraiment intéressant. Ça m’a fasciné de voir que l’élève est vraiment au centre de toutes les actions de l’école. Les services sont vraiment différents [par rapport au Québec]. Ça m’a donné beaucoup d’idées», explique-t-elle.

«Mon défi de stage, c’était de diversifier mes approches et j’ai pu le faire: faire des stations de jeux, travailler l’approche par la découverte, [etc.]. J’ai tellement aimé ça. J’ai pu vraiment faire de la différenciation pédagogique et me laisser aller dans ça parce que je me sentais bien entourée. [Mon] stage en Alberta, pour tout ce qui est enseignement de nouvelles pédagogies, nouvelles façons de faire, c’était incroyable», ajoute Amy.

«D’un point de vue pédagogique, c’était super intéressant. Le goût d’apprendre était vraiment nourri. J’ai vu les enfants avoir le goût d’aller à l’école, j’ai trouvé ça vraiment génial. Je ramène cette motivation-là à faire autrement [pour] nourrir le goût d’apprendre des élèves», explique également Jessica.

Complètement franco

Les quatre futures enseignantes ressortent aussi de leur stage avec une vision différente de la francophonie. C’est même l’un des constats les plus marquants de leur expérience, et ce, tant sur les plans personnel et scolaire, que sur le plan de l’espace francophone.

Des centaines d’écoles francophones

Saviez-vous qu’il y a plus de 700 écoles francophones au Canada, à l’extérieur du Québec? La francophonie est partout! C’est ce qu’a réalisé Jessica. Après avoir vécu ce stage, «je peux dire, partout dans le pays, qu’il y a des français vernaculaires qui ont tous leurs beautés. Il y a plein de belles choses à découvrir dans le reste du Canada. Il n’y a pas que le Québec quand on est francophone, il y a d’autres opportunités. Je trouve ça intéressant d’avoir compris ça», explique Jessica.

La place de la francophonie dans l’identité

Ce stage a aussi permis à Océane de se questionner sur la place qu’elle accorde à la francophonie dans sa vie et au cœur de sa propre identité. «Ce que je retiens, c’est de prendre soin de mon français, de miser sur lui dans tout ce que je fais», indique-t-elle. Elle explique par exemple qu’elle essaie dorénavant d’écrire davantage en français sur les réseaux sociaux. «Je me dis: fais-le en français, c’est important. C’est vraiment quelque chose que je garde en tête. De l’avoir vécu, [d’avoir été dans une communauté francophone avec des gens] qui se battent pour le français, qui veulent le garder, [c’est inspirant]. Le français, c’est important, je pense qu’il faut miser là-dessus. C’est ce que j’ai retenu», explique-t-elle.

Transmettre le goût de la francophonie à l’école

Vivre ce stage, c’est également faire l’expérience d’un enseignement qui vise la création d’un sentiment d’appartenance à la francophonie. «Dans les apprentissages, il y avait une section construction identitaire [pour] faire briller la culture francophone. La job du personnel enseignant et de l’équipe-école est d’apporter la culture à même l’école. Je trouvais ça super pertinent. Moi ça été ça qui m’a le plus marquée. [Ça] et comment les élèves [avaient de la fierté pour] leur identité francophone», explique Amy.

C’est aussi la place des jeunes et les mandats des écoles de langue française (favoriser la réussite éducative des élèves et en même temps, les soutenir dans leur construction identitaire francophone), qui a marqué Cindy. «Cette expérience nous fait réaliser qu’en milieu minoritaire francophone, l’élève est au centre des préoccupations. [Les membres du personnel] arrivent à concilier la reconnaissance de la langue française et la reconnaissance de l’élève comme un être unitaire [où tout est mis en œuvre pour sa réussite scolaire]. L’élève est important dans sa francophonie. C’est quelque chose que toute [étudiante ou tout étudiant] en enseignement devrait aller voir. On peut accomplir les deux, et même exceller. On est capable de travailler en français et de mettre l’élève au centre de nos préoccupations. C’est ce que je retire le plus [de cette expérience de stage]. Tout le monde devrait pouvoir vivre ça, avoir ce regard-là. C’est juste génial» souligne-t-elle.

À propos de S3 CANADA 

Les stages en enseignement de l’ACELF, S3 CANADA, font vivre à des étudiantes et des étudiants en éducation du Québec une expérience de stage dans une école francophone ailleurs au pays. Ils leur permettent de découvrir un nouveau contexte éducatif dans une communauté francophone du Canada. Source d’enrichissement professionnel, personnel et culturel, ce programme vise à sensibiliser les étudiantes et les étudiants aux diverses réalités de la francophonie canadienne. Il est offert grâce à l’appui financier de Patrimoine canadien. Les stages sont réalisés avec la précieuse collaboration de conseils scolaires partenaires partout au pays, dont la Commission scolaire francophone du Yukon, le Conseil scolaire FrancoSud, le Conseil scolaire acadien provincial et le District scolaire francophone Nord-Est, ainsi qu’avec plusieurs universités québécoises, dont l’Université du Québec à Rimouski et l’Université du Québec à Trois-Rivières.

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