Familles, écoles, communautés: unies par des ponts

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10 novembre 2025
par Francosphère

Avez-vous déjà entendu l’expression «construire des ponts» en éducation? Peut-être que votre première réaction ressemble à: «Ouf! J’ai déjà bien des choses à faire, et maintenant on me demande d’aller encore plus vers les autres». Jeanne Duquette, accompagnatrice du groupe Primaire/élémentaire, et Karine Pineault, accompagnatrice du groupe Petite enfance, ont justement abordé ce sujet lors de l’édition 2025 des Stages de perfectionnement de l’ACELF. Et en les écoutant, on découvre qu’en réalité, bâtir des ponts: 

  1. fait partie intégrante du mandat éducatif; 
  2. est plus simple qu’on ne l’imagine, car c’est un travail collaboratif; 
  3. aide l’enfant à franchir les obstacles de son parcours. 

 

Des fondations communes pour un parcours continu 

«Un enfant ne vient jamais sans son parent», rappelle Karine. «En petite enfance, on reconnaît que c’est lui le premier éducateur, le premier responsable de son enfant. Notre mandat consiste donc d’établir cette relation avec les parents dans un esprit d’ouverture et de collaboration», poursuit-elle. Concrètement, ça veut dire qu’il faut se montrer curieux ou curieuse. Profiter de nos moments de communication pour en apprendre davantage sur les valeurs et traditions de la famille de façon à vraiment les accueillir adéquatement. Et hop! On commence déjà un lien qui permet d’aller vers l’autre. Au fond, un pont, c’est avant tout un canal de communication. Un espace où la famille et le milieu éducatif se retrouvent pour offrir à l’enfant un milieu propice au développement de son identité francophone. 

 Mais le parcours éducatif ne s’arrête pas à la petite enfance. Il se poursuit jusqu’au secondaire et au-delà, au contact des réalités de la communauté. Sur la route de la construction identitaire, une foule de personnes contribueront au parcours des jeunes. C’est une responsabilité partagée entre différents milieux. C’est en créant des ponts que nous multiplions les occasions de vivre des expériences authentiques en français, qui se renforcent et se complètent les unes les autres. Ce continuum permet de s’appuyer sur les fondations établies dès la petite enfance au lieu de repartir à zéro. Et la première étape pour y arriver, c’est «d’oser faire les premiers pas», comme le dit si bien Karine. 

Construire des ponts entre tous les environnements dans lesquels évoluera l’enfant dans son parcours

Ouvrir ses portes pour accueillir l’autre 

Un pont a toujours deux côtés. Il est construit grâce à un effort collaboratif. Pour Jeanne, l’action concertée est la clé pour en assurer la réussite. «On part de la question: de quoi a-t-on besoin pour travailler ensemble? Qu’auriez-vous besoin que l’école ou la garderie éducative fasse pour que vous, les parents, ayez envie d’y venir, d’y participer comme membre à part entière? Qu’est-ce que la communauté peut faire pour nous appuyer?», explique-t-elle. À partir de là, il est plus facile de réfléchir à des moyens et à des stratégies pour répondre aux besoins de chaque personne. «Bien plus de gens vont participer aux activités puisqu’on se rejoint sur le pont qu’on a construit ensemble», témoigne Jeanne. 

Construire un pont en trois étapes

Comment mettre tout cela en pratique? Voici des pistes d’actions concrètes pour bâtir des ponts solides, trouvées par les stagiaires :

  1. Multiplier les occasions de participation 
    • Organiser des portes ouvertes, des activités de réseautage, des rencontres de parents. 
    • Créer des activités thématiques ouvertes à la communauté. 
    • Proposer des présentations animées par les parents et les enfants.
  2.  Mettre les gens à l’aise 
    • Favoriser les contacts en personne. 
    • Tenir compte des forces et des intérêts de chacun.  
    • Inviter les parents à partager un dîner en classe avec les enfants.
  3. Maintenir le contact 
    • Partager les réussites de l’enfant. 
    • Valoriser la contribution des parents dans les communications. 
    • Varier les moyens de contact (SMS, courriel, papier) pour rejoindre le plus de familles possible. 

 

Oser franchir les barrières linguistiques 

Vous avez des ponts avec les familles. Avec les autres milieux éducatifs. Avec des organismes jeunesse ou communautaires francophones. Mais pourquoi s’arrêter là? Si un service qui vous intéresse n’est pas disponible en français, ce n’est pas nécessairement une barrière. Selon Jeanne, «c’est une occasion pour travailler ensemble et passer par-dessus cet obstacle de la langue. Les anglophones ont certainement appris des mots, des termes en français. On va les aider à les utiliser et à en apprendre d’autres.» Eux aussi vivent de l’insécurité linguistique lorsque vient le temps de s’exprimer en français! Partageons nos ressources et notre savoir-faire avec la langue française. 

 Même si on fait partie d’une communauté francophone, on fait aussi partie d’une communauté plus globale. «Les anglophones nous entendent et savent qu’on est là. Plusieurs ne demandent pas mieux que d’apprendre un peu de français. Alors, pourquoi ne pas travailler ensemble, pour être avec eux, et ainsi diminuer ce sentiment lourd de tout le temps devoir se battre», explique Jeanne. Et puisque plusieurs communautés de langues et de cultures variées constituent la globale, il est important de construire des ponts avec chacune d’elles. Communiquer et créer ensemble des façons de passer par-dessus les barrières, ça permet de s’enrichir collectivement. Et faire rayonner la francophonie dans ces milieux. 

 Un lien commun permettant de s’unir 

«On a tous à cœur le bien-être des enfants. Créer ces liens solides entre les milieux scolaires, les familles et la communauté permettra à l’enfant qui est au centre de nos actions, la possibilité de vivre des expériences authentiques et de s’épanouir pleinement», conclut Karine. Nous avons tous ce lien commun qui nous connecte aux autres milieux. Ça veut dire que votre prochain pont est déjà amorcé. Il suffit d’oser le continuer! 

 

À propos des Stages de perfectionnement de l’ACELF 

Les Stages de perfectionnement de l’ACELF réunissent annuellement des intervenantes et intervenants des milieux éducatifs francophones de partout au Canada. Cette formation vise à outiller les participantes et participants en vue de jouer leur rôle d’accompagnement en construction identitaire. Les Stages de perfectionnement sont rendus possibles grâce à la contribution du ministère du gouvernement du Canada et de la Commission nationale des parents francophones. 

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