Créer les meilleures conditions pour une année scolaire réussie
L’école de langue française est un véritable milieu de vie. Et vous avez certainement à cœur de rendre ce milieu pleinement épanouissant. Mais comment s’y prendre? Et par où commencer? On a interrogé Michelle Hunter, conseillère pédagogique au Conseil scolaire du Nord-Ouest, en Alberta, et Yves Doucet, président de notre comité d’orientation des communications stratégiques et leader pédagogique au District scolaire francophone Sud, au Nouveau-Brunswick. Ces pédagogues d’expérience nous donnent quelques conseils pour commencer l’année scolaire du bon pied. Et cultiver les meilleures conditions toute l’année. Parce qu’à leur avis, les rentrées sont l’occasion d’installer un climat propice à la construction identitaire francophone des élèves et à leurs apprentissages. Et voici comment.
Apprendre à se connaître
Pour créer les meilleures conditions en classe, notamment lors de la rentrée scolaire, il faut prendre le temps. Le temps de se présenter. De partager. D’échanger. De créer une ambiance de respect et d’ouverture, propice au partage et à l’écoute. Parce qu’en faisant ça, «on est en train de dire à la personne apprenante: ce qui est le plus important ici, c’est [toi et les autres membres du groupe]. On commence là. Il faut d’abord valoriser la diversité et la richesse des personnes que nous sommes, en tant qu’êtres humains. Interagir [entre nous]. Ensuite, on pourra se lancer dans l’apprentissage», pense Yves. Pour lui, il est important de favoriser la connaissance de soi et des autres, dès le début de l’année, en consacrant du temps à «apprendre toutes et tous à se connaître», explique-t-il.
Michelle souligne d’ailleurs toute la pertinence de bien accueillir les élèves, dès leur arrivée, pour briser la glace et se découvrir. «C’est essentiel. C’est un peu comme quand on reçoit de la visite. On s’assure, dans le fond, que tout soit en place pour donner le goût de revenir», commente-t-elle. C’est la même chose pour la rentrée scolaire «on met la table» en préparant des activités pour faire connaissance et tisser dès le départ des liens, ajoute-t-elle. Et ce, pour «construire un environnement francophone [convivial et accueillant]», spécifie la conseillère pédagogique.
Faire briller la francophonie
Michelle insiste sur un autre aspect qui lui semble incontournable: jouer un rôle de modèle francophone pour les élèves, dès la rentrée, et toute l’année. «On doit modéliser notre fierté et nous afficher fièrement en tant que francophone, dans nos habitudes, dans notre vie. Alors s’exposer un peu, partager un peu de nous-même avec nos élèves ne peut être que gagnant», croit Michelle. «Je pense qu’avoir des modèles [francophones affirmés et] fiers est important si on désire que nos élèves agissent de la sorte», partage-t-elle.
Yves donne à ce sujet un exemple de ce qu’il faisait lorsqu’il était enseignant. Son initiative lui permettait de jouer ce rôle de modèle, mais aussi, de partager des référents culturels. Et tout ça, en plus de favoriser la création de liens. «Je me disais: moi, je vais apprendre à connaître mes élèves. Pour commencer, je vais leur permettre de me connaître. Alors ce que je faisais au début du semestre, c’est un genre de tablier que je décorais avec différents éléments qui décrivait mes identités. Je me mettais devant la classe avec mon tablier. J’avais [par exemple] mon petit drapeau acadien et je leur révélais ce que ça veut dire, pour moi, être Acadien. Puis, on avait une discussion. Une fois l’exercice complété, les élèves me connaissent déjà pas mal. C’est plus facile de créer une relation avec quelqu’un quand on connaît un peu cette personne-là. Quand on a des choses [en commun ou des différences auxquelles] s’accrocher. Quand il y a des aspects de ses identités qui nous parlent», explique-t-il, soucieux d’établir dès le départ une bonne relation avec les jeunes.
Cultiver un environnement valorisant
Selon Yves, dès les premiers jours de classe, il faut coconstruire avec les élèves un milieu agréable et inclusif où chaque personne se sentira à l’aise. Pour y arriver, il importe de miser sur de saines relations interpersonnelles. Il faut travailler à développer un climat de confiance et favoriser le bien-être de chaque personne. En apprenant à se comprendre. En s’intéressant aux autres. En s’ouvrant. Pour établir un «contexte d’authenticité», explique-t-il. Parce que des élèves en confiance et qui se sentent bien sont dans les meilleures dispositions pour progresser dans leurs apprentissages. Et pour construire leur identité dans un espace «où le français est au cœur de nos actions», complète Michelle.
«L’identité se construit quand on est en relation avec les autres. Quand on établit un [tel] climat, ça permet à la personne qui chemine au niveau de ses identités de laisser tomber certaines barrières. De se laisser un peu plus aller dans ses réflexions et ses interactions. D’être dans l’authenticité, la vérité. Et la construction identitaire repose énormément, selon moi, sur cette notion. Pour être soi-même, il faut pouvoir faire confiance aux gens avec qui on est en interaction. On va [se donner] le droit d’explorer, d’aller dans toutes sortes de directions. Parce que la construction identitaire, selon moi [est liée à deux questions]: Qui suis-je? Qu’est-ce que je deviens? On va plus facilement se poser ces questions et y répondre si on est [bien et] en confiance avec les gens avec qui on interagit», explique Yves.
«Mais c’est vrai aussi pour les apprentissages au niveau des matières scolaires. Une personne apprenante va beaucoup plus facilement acquérir des notions dans [une classe] où elle se sent à l’aise de poser des questions, de pleinement vivre le déséquilibre qui vient avec l’apprentissage. Parce qu’être en posture d’apprentissage, c’est un petit peu être en position de vulnérabilité. On va [l’accepter] plus facilement si on est dans une zone où on est en confiance», complète Yves.
Ma rentrée Francosphère: un outil clé en main pour planifier la rentrée
Voilà des principes et des conseils éclairants de nos deux pédagogues. Mais comment les mettre en application? Parce qu’au quotidien, il y a tant à faire, tant de choses à penser. Mais c’est pourtant possible de mettre en pratique les idées d’Yves et de Michelle sans vous surcharger et sans que ce soit compliqué. Car pour vous outiller, vous avez à votre disposition Ma rentrée Francosphère.
Dans ces trousses, vous retrouverez des activités et des interventions clés en main, prêtes à être appliquées. L’une d’elles est conçue pour le primaire ou l’élémentaire et l’autre pour le secondaire. Elles regroupent 11 thématiques chacune, dont plusieurs sont abordées par Yves et Michelle (en gras dans ce texte). Cet outil vous permettra de stimuler l’identité francophone de vos élèves, dès les premiers jours d’école, en installant ce climat favorable. En mettant en pratique les activités suggérées, votre classe s’affichera comme un lieu où il fait bon vivre en français et où la francophonie s’enrichit. Et vous favoriserez, entre autres, la motivation de vos élèves, ce qui facilitera grandement votre enseignement toute l’année. D’ailleurs, qu’est-ce qu’en pensent Michelle et Yves?
«J’aime avoir cet outil clé en main pour les profs. Le personnel enseignant peut y aller en fonction des activités qui les intéressent [sans trop avoir de choses à préparer]», commente Michelle. Elles permettent de miser sur la construction identitaire en classe en tant que «quelque chose de positif et de naturel», explique-t-elle. «Je trouve que cet outil est essentiel pour faire vivre à nos élèves une rentrée, justement, [qui alimentera] leur francosphère», conclut la conseillère pédagogique.
«L’outil Ma rentrée Francosphère [propose] des activités qui sont faciles à vivre avec les élèves. Elles sont catégorisées selon l’intention. On y trouve des activités pour développer un sentiment d’appartenance, valoriser la communication orale spontanée, développer l’autonomie ou pour impliquer les familles et les communautés, par exemple. On peut cibler les activités selon des thématiques qu’on a le goût d’explorer. Puis, ça nous donne aussi des idées de thématiques qu’on n’aurait pas pensé explorer», commente Yves. «Créer un climat [propice aux apprentissages et à la construction identitaire des élèves], je pense qu’on travaille ça par des efforts conscients de questionnements, d’aller à la rencontre de l’autre, puis de créer une ambiance où, entre autres, les élèves vont vouloir apprendre à se connaître. Ça passe par exemple par des jeux, des activités, comme [celles proposées] dans Ma rentrée Francosphère», explique le leader pédagogique.
Créées pour vous aider à planifier le début de votre nouvelle année en toute simplicité, les trousses Ma rentrée Francosphère vous seront même utiles à d’autres moments. «Il y a plein d’activités là-dedans qui sont bonnes pour faire des rappels, ou du renforcement de ce climat-là, tout au long de l’année scolaire», spécifie Yves.
Les trousses Ma rentrée Francosphère ont été créées avec l’appui financier du ministère du Patrimoine canadien et en collaboration avec plusieurs membres du personnel des milieux éducatifs de langue française, de partout au Canada. Elles sont disponibles gratuitement, juste ici.
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