De la fierté à l’honneur!
Afficher sa fierté d’appartenir à la communauté franco-colombienne, tout en affirmant sa fierté d’appartenir à la communauté 2SLGBTQIA+: c’est le moteur de la création du drapeau franco-colombien de la Fierté! L’avez-vous déjà vu flotter? Il est le résultat du travail d’élèves de quatre écoles du Conseil scolaire francophone (CSF) de la Colombie-Britannique: l’école Victor-Brodeur, l’école Jack-Cook, l’école des Sept-sommets et l’école Beausoleil. Voilà une pratique réussie qui fait briller une francophonie plurielle et inclusive! Pour en savoir plus sur ce projet inspirant, nous avons questionné deux personnes qui ont travaillé de près à la réalisation de celui-ci. Découvrez les propos d’Anastasia Trudel, qui était élève à l’école Victor-Brodeur et membre du comité OSIG (orientation sexuelle et identité de genre), ainsi qu’Elizabeth Rush, leader OSIG, qui enseigne à cette même école.
Le point de départ du projet
D’où est venue l’idée de créer ce drapeau? Et quels étaient les objectifs de cette initiative? «Les deux principes qui sous-tendaient le projet étaient de conscientiser les élèves à leur pouvoir d’action dans la francophonie canadienne et de les habiliter à mener un travail de conception basée sur leur lecture des valeurs et besoins de la communauté locale», explique Elizabeth, qui emploie les pronoms iel et elle. C’est ainsi, à la suite d’une discussion sur la construction identitaire et sur la capacité des élèves à avoir un impact sur leur monde, que s’est dégagée l’idée de ce projet créatif. «On a [décidé de] faire notre drapeau: quelque chose qui représente les deux parties de notre identité, qui nous identifie de manière réelle», complète Anastasia, qui emploie les pronoms il et elle.
Création et consultations
Comment le projet a-t-il pris forme? Elizabeth indique qu’il s’est déroulé en cinq phases.
1- Identification d’un symbole de la communauté francophone locale
Le groupe OSIG a fait le choix d’un symbole de la communauté francophone locale: le drapeau franco-colombien. La décision a été prise: créer un drapeau franco-colombien de la Fierté!
2- Exploration de l’histoire de la création du symbole
Les jeunes ont discuté de l’histoire de la création du drapeau franco-colombien ainsi que des perspectives et des valeurs qu’il transmet.
3- Ciblage d’objectifs pour guider la conception du projet
Le groupe a énoncé des objectifs pour orienter le travail de création de leur nouveau drapeau. «Ce travail [a] fournit aux élèves les moyens de justifier pourquoi certains éléments du [drapeau franco-colombien] seraient préservés, alors que d’autres feraient l’objet d’une transformation. Cette étape [a permis] aux élèves de comprendre la construction identitaire à la fois comme un dialogue actif avec le passé et une exploration des perspectives, des valeurs ou des priorités qui guident la communauté dans le présent», indique Elizabeth. «C’était un long processus. On a fait de la recherche. On [s’est posé la question:] pourquoi c’est important d’utiliser ça? Notre prof nous a vraiment donné la liberté de choisir les infos [qui étaient importantes pour nous] et iel était vraiment notre support», explique Anastasia.
Les jeunes des quatre écoles ont ensuite amorcé la conception de plusieurs versions du nouveau drapeau.
4- Consultation avec la communauté
Les jeunes ont organisé des consultations communautaires en parallèle de l’identification de leurs objectifs et de la conception du drapeau. À ce stade, le groupe est «rentré en contact avec les personnes ou organisations impliquées dans la création du symbole original pour expliquer les objectifs et obtenir leurs rétroactions», indique Elizabeth. Les jeunes ont ainsi eu la chance de recevoir les commentaires de nul autre que le créateur du drapeau franco-colombien lui-même!
«J’ai été très heureux d’apprendre qu’il y avait des élèves du CSF qui travaillaient à la création d’un drapeau de la Fierté francophone de la Colombie-Britannique, et que la plupart d’entre ces jeunes s’inspireraient du drapeau francophone déjà existant. Pour moi, il s’agissait en quelque sorte d’une évolution naturelle, étant donné que le drapeau francophone de la Colombie-Britannique a un thème clairement inclusif. Il est important de créer un symbole signifiant l’inclusion et la célébration de la communauté de la Fierté par les francophones d’ici et d’ailleurs», a expliqué le créateur de drapeau franco-colombien, Raymond Lemoine, dans une lettre.
Avec ce projet, les jeunes souhaitaient manifester leur engagement «en matière de réconciliation, d’antiracisme et de valorisation explicitement intersectionnelle des personnes 2SLGBTQIA+ dans la communauté francophone de la Colombie-Britannique», précise Elizabeth. En toute cohérence, le groupe a consulté des personnes ou organisations «pour assurer une conception responsable. Par exemple, nous avons contacté la Nation métisse de la Colombie-Britannique et le Two Spirit Society of British Columbia pour obtenir leurs rétroactions et leurs recommandations sur des façons respectueuses d’intégrer des représentations des identités autochtones dans le drapeau», précise Elizabeth.
5- Mise en récit du projet final
Après avoir reçu des rétroactions et fait des ajustements, les jeunes ont fait leur choix du drapeau final. Le groupe a conservé les traces des communications du projet pour qu’elles restent dans les archives. Il a créé un document pour présenter les éléments du drapeau et a diffusé son initiative auprès des médias et du public.
Bien plus qu’un drapeau
«C’était vraiment important pour nous, les jeunes, parce que ça nous laissait avoir une voix dans notre communauté. Dans une cinquantaine d’années, on va voir ce drapeau et on va être capable de dire que c’est nous qui l’avons fait. Ça nous représente», commente Anastasia.
De plus, selon Anastasia, «faire un drapeau comme ça, ça nous laisse agrandir nos connaissances, pas juste de l’historique par rapport au drapeau et de l’importance du drapeau [franco-colombien], mais aussi de la communauté francophone, de la communauté queer. [En plus,] ça nous laisse agrandir nos connaissances en communication, on évolue [dans le développement d’une] pensée critique, d’une pensée inclusive».
Ayant manifestement beaucoup d’admiration pour le travail de ses élèves, Elizabeth ajoute qu’en réalisant ce projet, le «groupe d’élèves a noué des liens avec l’héritage de la construction identitaire francophone en milieu minoritaire, a lu le monde qui les entoure, et a établi de nouveaux partenariats communautaires afin de concevoir une représentation célébratoire et inclusive de la communauté».
C’est d’ailleurs l’un des messages importants derrière ce projet: célébrer la différence et promouvoir l’inclusion. Ce drapeau est un acte d’affirmation et d’ouverture. C’est la manifestation d’un lien d’appartenance envers une communauté francophone riche de sa diversité. C’est notamment ce qu’explique Anastasia. «C’est important de faire des choses comme ça [parce que ça démontre que] notre communauté de la francophonie 2SLGBTQIA+ est là, est fière, est francophone et veut être incluse».
Selon Anastasia, ce genre d’initiative est bénéfique pour la fidélisation des élèves dans les milieux éducatifs francophones, car elle démontre «que dans nos écoles francophones, on a une francophonie qui a aussi une fierté. Ça montre [que nos écoles] sont inclusives. Qu’elles laissent les élèves avoir une influence et une voix, une place qui est saine et [sécuritaire]», ajoute-t-elle.
Ça vous inspire? Visionnez la vidéo. Anastasia et Elizabeth vous expliquent plus en détail ce projet collectif. Vous y trouverez de quoi vous outiller pour que votre groupe d’élèves puisse lancer, lui aussi, un projet qui partagera beaucoup de fierté!
Pst! Lisez également cet article du CSF où vous découvrirez notamment différentes versions du drapeau réalisé par les élèves au cours du processus de création.
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