«La Lutte des Jags» : le leadership en jeux!

20 août 2019
par Francosphère - Texte d'André Magny

En homme d’expérience, M. Éric Dion, le directeur de l’école Maurice-Lavallée d’Edmonton, se fait un point d’honneur de donner une place importante aux élèves au sein de son école: « Je me dis que l’élève qui a l’opportunité de s’engager, de prendre des décisions, c’est dans ces écoles que les élèves veulent être. »

L’école Maurice-Lavallée a la réputation d’être bien ancrée dans son milieu. Avec une équipe-école fortement engagée dans sa mission, l’école francophone donne le premier rôle à ses jeunes franco-albertains du secondaire. Mais au-delà des mots, il y a toute une panoplie de projets qui ont été mis en place pour favoriser leur développement identitaire.

C’est peut-être aussi parce que les écoles francophones n’ont pas le choix d’innover. Éric Dion le dit: « il y a un élément qui est difficile pour nous, c’est la fidélisation. » C’est une question de survie. Cette fidélisation est essentielle « dans les écoles francophones pour assurer notre pérennité pour les décennies. »

 

Miser sur le leadership des élèves

Figure emblématique de Maurice-Lavallée, la trace des jaguars ou des Jags est présente dans nombre de sphères de l’école. Après La Griffe, le nom du journal étudiant, le logo des Jags orne les maillots des différentes équipes sportives. On dit du jaguar qu’il est puissant, rapide et redoutable. En fait, de belles qualités à avoir quand on œuvre en milieu minoritaire! Mais pas simplement dans le monde du sport, puisqu’il est aussi repris pour une activité à teneur plus socioculturelle, « La Lutte des Jags ». Autant de situations développant le sentiment d’appartenance autour d’une appellation.

Mais au fait, « La Lutte des Jags » qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’une compétition amicale entre le personnel enseignant et les élèves de la 10e à la 12e année qui se déroule à différents moments de l’année scolaire et notamment à l’approche de Noël. Bisous de rennes, vol glacé, la tournée du père Noël, ce ne sont là que quelques compétitions qui mettent en vedette autant les habiletés physiques que les connaissances générales des uns et des autres. « C’est en jouant qu’on développe notre identité; c’est en jouant qu’on a un bon rapport avec la langue française. « La Lutte des Jags » crée ça », assure le directeur de l’école.

Mais cette joute va plus loin. Elle permet, par exemple, à Chekina Minega-Diop, élève de 11e année, d’apprendre à gérer un événement. C’est d’ailleurs ce qu’apprécient nombre d’élèves de l’école. « « La Lutte des Jags », c’est vraiment organisé par les élèves. » Idem pour le conseil étudiant. « Les gens pensent que le conseil étudiant, c’est les enseignants qui le gèrent, mais c’est vraiment les élèves qui prennent des décisions ensemble. Vraiment, c’est nous qui gérons les activités de l’école. »

En plus d’apprendre à organiser des activités, de l’avis de Chekina, « le conseil étudiant, ça nous apprend à travailler avec différentes personnes, différentes perspectives, ça nous apprend à les respecter. »

 

Faire confiance : toujours gagnant!

Au sein de Maurice-Lavallée, les élèves se sentent engagés dans nombre d’activités. Ils en viennent à dire, comme le fait Chekina Minega-Diop : « C’est nous qui gérons les activités de l’école. L’école est vraiment gérée par les élèves, principalement.»

Ce sentiment d’appartenance, cette prise de conscience identitaire n’arrivent pas par magie. Il y a eu en amont tout un travail réalisé par l’équipe du personnel enseignant et de la direction.

Un travail dont sont conscients les élèves. Une finissante de 12e année, Olivia Harris, n’hésite pas à souligner la participation, au sein du conseil étudiant, de l’enseignant de biologie et de mathématiques, Ronald Déry.

Quand la communauté étudiante a tout cuit dans le bec, on rate l’occasion d’offrir aux élèves la possibilité de prendre des décisions responsables et de développer leur confiance en eux.

Tout cela demande de la part du personnel enseignant d’être en mesure de savoir déléguer. De ne pas être le seul maître à bord. Ce type d’approche donne indéniablement des résultats positifs du côté des élèves. « Ça leur donne beaucoup plus de responsabilités », selon M. Déry. « Si je suis toujours là pour les mener, les guider dans le processus, c’est comme se promener à bicyclette avec les petites roues pour aider… » Entendons par là que c’est un processus d’apprentissage plutôt faible. Mais si, au contraire, les décisions émanent des élèves, ça change tout. « Ils organisent ça pour le reste de l’école. Ils font ça pour leurs collègues. Tu ne peux pas vraiment demander plus en fait de tâche de leadership que ça. »

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