Marianne Cormier: des réflexions et des actions
Doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation à l’Université de Moncton, Marianne Cormier est spécialiste en éducation en milieu minoritaire et reconnue à l’échelle nationale dans le domaine. Ses recherches en sciences et langue illustrent l’importance du développement langagier pour la compréhension des sciences.
Francosphère a invité les intervenants du congrès 2018 de l’ACELF à partager leurs impressions sur des enjeux actuels en francophonie canadienne.
La culture dans le numérique: Créer? Apprécier? Faire sa place?
La culture dans le numérique? Ou plutôt la culture du numérique? Comment dissocier les deux? Certes, Internet démocratise l’accès à la culture francophone, la rendant accessible dans des endroits où auparavant, cet accès était sévèrement limité. Mais la consomme-t-on pour autant? Les jeunes savent-ils, ou encore, veulent-ils la trouver? Ou la créer? La partager? Dans le fond, les jeunes prennent une place dans la culture numérique, mais laquelle? Quelle culture sont-ils en train de créer? Et ont-ils une raison de créer ou d’apprécier en français?
Le dilemme est là et il est flagrant. Comment faire en sorte que la culture du numérique, qui offre d’innombrables occasions de découvertes, d’appréciation et de partage, fasse une place à la culture francophone?
La francophonie canadienne: Plurielle? Diversifiée? Inclusive?
Dans cette société en mouvance, la francophonie canadienne doit se redéfinir de façon plurielle et inclusive. Qui est un francophone au Canada? Et surtout, comment fait-on pour le définir? Nos critères pour l’adhésion à la francophonie sont souvent flous. Comme l’a dit Antonine Maillet concernant la définition d’un Acadien : c’est quelqu’un qui pense qui l’est. Or, si cette autodéfinition est importante et critique, l’autre élément important, dans la définition de la francophonie, est la reconnaissance de l’autre. Si le groupe n’accepte pas l’individu comme l’un des leurs, le sentiment d’appartenance au groupe tombera en chute libre. Pour l’individu, vouloir faire partie du groupe signifie qu’on souhaite adhérer à ses coutumes, à ses valeurs et sa culture. Et pour que les membres du groupe veuillent que l’individu s’intègre au groupe, il faut l’accueillir dans sa différence et l’inclure afin qu’il apprenne ces valeurs et cette culture.
L’insécurité linguistique: in ou out ?
Insécurité linguistique ? OUT. Ce mot qui revient partout de nos jours m’apparaît mal compris. On lui prête différentes définitions et on cherche des actions concrètes pour la réduire. Selon Francard et al. (1993)*, il s’agit de « la prise de conscience, par les locuteurs, d’une distance entre leur idiolecte (ou sociolecte) et une langue qu’ils reconnaissent comme légitime parce qu’elle est celle de la classe dominante ou celle d’autres communautés ou l’on parle français » (p. 13). Les conséquences de l’insécurité linguistique sont de réduire le locuteur au silence, car il pense que sa langue n’est pas légitime, surtout en présence de locuteurs d’ailleurs. Des mesures pour réduire l’insécurité linguistique : élargir le répertoire langagier du locuteur, lui faire prendre conscience que la variation dans les manières de parler est la norme et éviter d’utiliser des expressions du genre « il parle bien; l’autre parle mal ».
* Voir la page Web suivante : https://arlap.hypotheses.org/6748
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