Comment faire résonner la culture francophone à l’école?

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6 mars 2024
par Francosphère

Dans nos écoles, la culture se jumelle avec la découverte et l’expression de la langue française. L’aspect culturel est d’ailleurs primordial à nos actions en construction identitaire pour donner envie aux jeunes de faire une place importante à la francophonie dans leur vie. Mais quelles sont les façons de mettre pleinement en valeur la culture en salle de classe? Dans cet épisode de notre série balado Rencontres (accessible sur Spotify, Google balados, Apple podcast et SoundCloud), deux membres du personnel scolaire, qui ne se connaissaient pas auparavant, en discutent. Découvrez les propos de Yanick Mbuluku, animateur culturel au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), et de Marie-Claude McDonald, coordonnatrice en programmation à la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM).

 

La culture, c’est…

Si vous aviez à définir la culture, que diriez-vous? «Le mot culture est tellement chargé de sens», explique Marie-Claude, qui croit qu’on peut percevoir la culture de différentes façons.

«Pour moi, la culture, c’est un mélange qu’on récolte toute notre vie: avec nos ami(e)s, à l’école, ce qu’on apprend dans notre pays d’origine, les personnes qu’on rencontre… Je pense que [ça constitue] vraiment les cultures avec un S. Parce que ça englobe plusieurs personnes de différents horizons. Des individus [qui n’ont] pas les mêmes points de vue, pas les mêmes vécus. Je trouve qu’on gagne à avoir cette multitude, toutes ces personnes qui créent ces cultures avec un grand S», explique Yanick, qui souligne la richesse multiculturelle de la francophonie.

«Cette idée de rencontre, je pense que c’est important», ajoute Marie-Claude. Tout en étant en accord avec l’avis de son collègue, la coordonnatrice ajoute à cette définition un autre angle. «Pour moi, la culture, c’est vraiment une ambiance qu’on crée ensemble, où on se rejoint sur des points communs, et avec nos différences aussi, mais où on trouve une place où on se sent bien ensemble», indique-t-elle. «La culture en salle de classe, pour moi, c’est cette idée de créer un climat de confiance où les jeunes peuvent se sentir bien d’être qui elles et ils sont, avec toutes leurs particularités [et de] bien fonctionner ensemble», poursuit-elle.

Valoriser l’aspect culturel de la francophonie

Selon les perspectives de Marie-Claude et de Yanick, miser sur les cultures francophones n’implique donc pas seulement de présenter des éléments culturels aux élèves. Il implique aussi de créer un contexte d’échange où les jeunes partagent et alimentent ensemble la dimension culturelle de leur francophonie. Mais comment est-ce qu’on fait ça?

Dans le cadre du travail de Marie-Claude, qui est entre autres responsable des dossiers d’éducation artistique et de la construction identitaire à la DSFM, ça consiste à «créer des événements où les jeunes ont la chance de se rassembler et de vivre quelque chose ensemble», indique-t-elle. Elle travaille donc à «créer des vécus francophones avec les jeunes, où [les élèves] se sentent appartenir à quelque chose de plus grand. Dans mon rôle, je vais faire des activités comme Surboum, qui est un rassemblement où l’on fait chanter les jeunes en masse. C’est peut-être entre 1000 et 1500 jeunes qui vont se rassembler pour chanter des chansons francophones, beaucoup de chansons contemporaines, mais aussi quelques [chansons provenant de] traditions francophones canadiennes. [Ces activités contribuent à faire vivre aux jeunes] quelque chose de spécial et d’unique dans leur parcours de vie scolaire», explique-t-elle.

Marie-Claude donne aussi comme exemple les camps en construction identitaire de la DSFM qui réunissent des jeunes de partout au Manitoba pour vivre des activités amusantes et significatives en français. «C’est un lieu où les élèves peuvent se rassembler, puis apprendre à se connaître. On crée aussi ce savoir-vivre ensemble, on crée un peu une culture communautaire», ajoute-t-elle.

Dans le cadre de son rôle d’animateur culturel, Yanick mentionne qu’il travaille à installer un climat propice aux partages dans des activités culturelles auxquelles il collabore. Il donne comme exemple une activité «qui s’appelle Cuisine du monde. C’est un potluck communautaire où on invite toute la communauté scolaire à se rassembler à l’école. Ça permet aux élèves de découvrir différents plats de différents pays. Les élèves, au cœur du processus, organisent un défilé de mode. Je pense que ça ajoute quelque chose de plus à leur expérience au secondaire, mais aussi pour la communauté. Je pense que ça leur permet de pouvoir grandir et de se sentir bien à travers [leur expérience en milieu éducatif francophone]», indique-t-il.

Travailler avec la communauté

Pour faire briller la dimension culturelle de la francophonie chez les élèves, l’apport de la communauté a une grande importance. C’est ce que pense Yanick. Parce qu’il y a tellement d’organismes communautaires avec lesquels on peut collaborer, et même se concerter, pour faire vivre des moments artistiques et culturels positifs et marquants aux jeunes! «Par exemple, ici en Ontario, on a un organisme qui s’appelle MASC», indique Yanick. Cet organisme offre aux élèves des expériences artistiques qui approfondissent notamment leur conscience culturelle. Il organise entre autres «des festivals qui permettent aux élèves d’écoles francophones de se rassembler. Par exemple, il y a un festival de danse, de théâtre, de musique», ajoute-t-il. Il explique qu’en tant qu’animateur culturel, il invite les jeunes à développer leurs passions artistiques et à s’inscrire à ce type d’événement rassembleur et épanouissant.

Marie-Claude est tout à fait d’accord. «Je pense que le lien communautaire est super important. Nous aussi on a de la chance, au Manitoba, d’avoir beaucoup d’organismes communautaires qui nous appuient et qui sont là aussi pour collaborer avec nous. Que ce soit en théâtre: avec le théâtre Cercle Molière, en musique: avec Le 100 NONS, que ce soit à la Maison des artistes visuels francophones ou avec le Centre culturel franco-manitobain… il y en a tellement pour nous appuyer. Ce n’est pas juste dans les domaines artistiques, il y en a aussi dans le domaine du développement économique, de la santé, [etc.]. Quand on fait ces liens avec ces organismes-là et qu’on collabore réellement, qu’on construit ensemble un programme qui répond à la fois à leurs besoins et aux nôtres, c’est là qu’on a des programmes très riches pour les jeunes qui créent des liens avec la communauté», indique-t-elle.

Travailler en concertation avec le milieu communautaire, «ça rend la langue vivante et pertinente pour les élèves qui voient qu’elle existe au-delà de l’école et qu’il y a des opportunités de la vivre à l’extérieur [des salles de classe]. Je trouve que c’est un facteur très important pour la réussite de nos jeunes sur le plan de leur identité francophone», poursuit la coordonnatrice en programmation.

Ensemble

Quoi retenir de la discussion entre Yanick et Marie-Claude? Que l’aspect culturel de la francophonie va encore plus loin que des œuvres, des mets ou des chansons. Que c’est aussi une ambiance qu’on cultive, qu’on construit ensemble et qui nous rassemble. Et ce «nous»: on gagne à le rendre plus grand. À l’étendre de la classe à la communauté, notamment. Pour tisser des liens solides. Pour faire découvrir un espace francophone riche en possibilités. Pour nourrir un sentiment d’appartenance pour une francophonie dans laquelle les jeunes auront envie de créer et de s’engager. «C’est ensemble qu’on va faire une différence chez nos jeunes. Si tout le monde se mobilise pour faire vivre aux élèves [les cultures francophones et la langue française], imaginez l’impact qu’on aura», conclut Yanick.

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