Inspirons nos élèves à devenir des «Franco-Rebelles»

26 octobre 2021
par Francosphère

Elles et ils affirment leur identité francophone avec fierté. Résistent pour défendre leur accent avec authenticité. Ce sont les Franco-Rebelles. «Des jeunes provenant de la minorité francophone qui perpétuent la langue française avec détermination aux quatre coins du pays.» Et la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) lance une initiative porteuse pour mettre en valeur cinq de ces jeunes. Elle est présentée dans le cadre des actions du Groupe de travail sur la sécurité linguistique, duquel l’ACELF fait fièrement partie. Le but: favoriser la sécurité linguistique des jeunes en valorisant les accents. Et en classe, ces vidéos seront fort utiles! 

Parler d’insécurité linguistique en classe

Affirmer sa francophonie avec confiance, «c’est quand même un défi», confie Jonathan Mpunge, un jeune francophone de Moncton, dans cette vidéo de la série Franco-Rebelle. Un sentiment que vivent plusieurs autres jeunes de la francophonie canadienne. En effet, on entend de plus en plus souvent parler du phénomène de l’insécurité linguistique.

On parle de la définition du phénomène et de ses causes, mais moins souvent des façons de l’aborder. Eh bien, ces vidéos nous offrent l’occasion de le faire. Elles sont d’excellents déclencheurs pour lancer une discussion à ce sujet, en classe. Parce que «les vidéos de la campagne Franco-Rebelle sont courtes, mais permettent de mettre en lumière divers accents de la francophonie canadienne. L’attrait de ces vidéos est aussi qu’elles s’adressent à des jeunes, et surtout qu’elles sont faites PAR des jeunes. Elles présentent des tranches de vie et des réalités auxquelles les jeunes pourront s’identifier», explique Marguerite Tölgyesi, présidente de la FJCF.

Une série qui fait réfléchir

Le visionnement de ces vidéos permet par la suite d’engager une conversation. Pour ce faire, c’est une bonne idée d’interroger les élèves sur les différentes situations décrites. Qu’est-ce que nos élèves en pensent? Ont-elles ou ont-ils déjà vécu ce genre de situation? Comment affirmer leur francophonie avec assurance?

Regardons l’exemple de cette vidéo qui présente Jonathan. Il a décidé d’écrire des chansons en français pour son groupe de musique «même si le domaine musical anglophone est tellement plus grand», puisque ça fait partie de son identité. Ne pas utiliser le français dans ses chansons, «ce serait comme demander à un peintre de peinturer un beau portrait, mais de ne pas utiliser la couleur bleue, par exemple. Ce serait de limiter son potentiel», explique-t-il. Qu’est-ce que nos élèves pensent de cette affirmation? Ont-elles ou ont-ils déjà eu l’impression de limiter leur potentiel en ne s’exprimant pas en français? Quelles auraient été les solutions pour faire autrement? Quelles situations ont-elles ou ont-ils déjà vécues en faisant le choix d’affirmer fièrement leur francophonie?

Osons discuter du ressenti de nos élèves. Des difficultés. Et des solutions possibles. Parce que pour combattre l’insécurité linguistique, encore faut-il prendre conscience du malaise. L’exprimer. Et trouver des solutions. Utilisons ces vidéos pour stimuler la réflexion de nos élèves. Invitons-les à confier des situations de leur vie en français qui ont fait leur fierté. Ce qui les motive. Ce qui leur donne envie de persévérer. Se joindre à la conversation, en tant qu’intervenante ou intervenant en éducation, est aussi une bonne idée. Parce qu’on joue un rôle de modèle, il ne faut pas sous-estimer l’apport du partage de nos propres expériences de vie avec les jeunes.

Une discussion ouverte

Dans cette discussion, n’hésitons pas à inviter nos jeunes à s’exprimer comme ça vient. Parce qu’il y a de ces moments où c’est tout à fait acceptable de s’exprimer dans un registre de langage plus décontracté. C’est d’ailleurs une bonne façon d’aborder les registres de langue. «Reconnaître les variations et les registres de langue, c’est essentiel pour renforcer la sécurité linguistique», pense Marguerite. «Les salles de classe doivent devenir des espaces sécuritaires de prise de parole pour les apprenants et apprenantes. Et les apprenants et apprenantes ne doivent plus se sentir continuellement jugés lorsqu’ils et elles emploient le français» ajoute-t-elle. Et c’est une bonne façon d’appliquer ce que l’on tente d’apprendre aux élèves.

Reprenons l’exemple de Jonathan. Il explique dans sa vidéo qu’il parle le chiac. Il explique aussi qu’il peut s’adapter à d’autres registres de langue. C’est une occasion parfaite d’interroger nos élèves sur le sujet. De souligner qu’il existe plusieurs accents et plusieurs registres de langue, tous riches, vibrants et qui ont leur raison d’être. De discuter des raisons pour lesquelles nos façons distinctes de parler en français ont tout pour être une source de fierté.

Jouer un rôle décisif

En tant qu’intervenante ou intervenant en éducation, on joue un rôle majeur. Oui, on aide les élèves à apprendre le français: enrichir leur vocabulaire, améliorer leur grammaire, etc. Mais c’est aussi important de les aider à apprendre à être bien» avec le français. De les appuyer afin de bâtir leur confiance. De stimuler leur réflexion et de les accompagner afin de développer un rapport positif à la langue française. Et cette discussion peut vraiment les y aider. Les inspirer à devenir des Franco-Rebelles. Et peut-être même leur donner envie de créer leur propre vidéo Franco-Rebelle, pour inspirer d’autres jeunes à réfléchir à la question.

Pour favoriser, partout au Canada, la sécurité linguistique

La série Franco-Rebelle et la vidéo du téléphone font partie d’une campagne sur la valorisation des accents. Elles font suite à la diffusion de la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique, lancée par le Groupe de travail sur la sécurité linguistique. Il regroupe plusieurs partenaires nationaux engagés envers la francophonie canadienne. «Pour que tous et toutes s’expriment en français avec confiance, résilience et fierté. Pour que les différents accents soient le reflet de la diversité des communautés, uniques et unies par leur langue».

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