L’ACELF: rassembleuse depuis 75 ans
À l’ACELF, en 2022, on souffle 75 bougies. Pour souligner les trois quarts de siècle d’existence de notre réseau, le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) a mis sur pied une exposition physique et virtuelle fascinante: «L’ACELF, 75 ans à la promotion de l’éducation en français (1947-2022)». Pour l’inaugurer, une table ronde virtuelle a été organisée, question de revenir sur le rôle clé qu’a joué notre association au cours des années. Des discussions captivantes ont été animées par Nathalie Bélanger, professeure titulaire à la Faculté d’éducation et titulaire d’une chaire de recherche sur la francophonie à l’Université d’Ottawa. On y a brossé le portrait d’un réseau pancanadien fort et affirmé. D’un regroupement de gens engagés qui ont fait rayonner l’éducation de langue française année après année. D’une association au long parcours, pourtant résolument ancrée dans la modernité.
Un esprit de solidarité linguistique et culturel
Fondée en 1947, à Ottawa, initialement sous le nom de l’Association canadienne des éducateurs de langue française, l’ACELF a fait sa place dans l’histoire. Avant sa création, «on n’avait encore jamais mobilisé à une aussi grande échelle les principaux acteurs du monde de l’éducation au Canada français, de tout le Canada français, d’un bout à l’autre du pays», explique Michel Bock, professeur agrégé au Département d’histoire de l’Université d’Ottawa, titulaire de la Chaire de recherche sur l’histoire de la francophonie canadienne. L’ACELF est «aujourd’hui l’un des rares lieux où peuvent encore se réunir, et exprimer leur solidarité, les représentantes et représentants du Québec et des communautés francophones du Canada», ajoute-t-il.
Comment pourrait-on décrire ce qui habite notre réseau, depuis sa création? «L’ACELF fonde son action sur l’esprit de solidarité linguistique et culturel qu’elle cherche à cultiver parmi ses membres, et ce, tout en respectant et en valorisant les intérêts particuliers de chaque communauté [francophone du pays]. [C’est dans cette optique qu’elle] tâche de s’affirmer comme l’autorité en matière d’éducation de langue française au pays et sur la scène internationale», résume la commissaire de l’exposition, Danika Gourgon, candidate au doctorat en histoire à l’Université d’Ottawa.
«Le champ d’activité de l’ACELF est sur le terrain, à proximité des préoccupations des actrices et acteurs [des milieux] éducatifs. L’ACELF [vise à] faire de l’école de langue française un lieu d’inclusion qui permettra aux jeunes de s’épanouir [en français] et de forger leur parcours dans un contexte qui se veut sécurisant et stimulant», ajoute Annie Pilote, sociologue de l’éducation, professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation et vice-doyenne à la recherche, aux études supérieures et à l’international de l’Université Laval.
À l’action
Au cours des années, l’ACELF a su faire la promotion de l’éducation de langue française grâce à diverses initiatives porteuses, comme nous l’expliquent les personnes invitées à la table ronde. Certaines de ces initiatives existent d’ailleurs encore aujourd’hui. Congrès. Stages. Activités de promotion de la littérature de la francophonie canadienne. Activités pédagogiques. Outils de formation et d’accompagnement. Revue Éducation et francophonie. Et encore bien d’autres. L’ACELF a notamment contribué, partout au pays, à «l’établissement de programmes pédagogiques propices au développement de la culture et de la langue française au Canada», explique Danika Gourgon. D’ailleurs, l’ACELF joue «un rôle qui s’est accru à travers le temps et qui s’est ancré dans des fondements très solides», explique également Annie Pilote.
Témoignage de sa portée et de son importance, l’ACELF est d’ailleurs aussi à l’origine de la création de plusieurs organismes phares de la francophonie canadienne. Saviez-vous, notamment, que c’est le comité francophoniejeunesse de l’ACELF qui a donné naissance, en 1974, à ce qui est aujourd’hui la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF)? Saviez-vous aussi que la Commission nationale des parents francophones (CNPF) a été fondée en 1979 lors du congrès de l’ACELF? Et que c’est par l’élan de l’ACELF qu’a été créée, en 1975, la Fédération des francophones hors Québec (FFHQ), qui porte désormais le nom de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA)? Et ce n’est ici que 3 exemples.
Par ailleurs, l’ACELF a aussi été politiquement active avant le milieu des années 1970. Elle s’est notamment impliquée en faveur du droit à l’éducation en français dans toutes les provinces et territoires du pays, nous explique la commissaire de l’exposition. Maintenant entièrement apolitique, l’ACELF a fait le choix, depuis 2003, d’axer son action sur la construction identitaire francophone. Un créneau dans lequel notre réseau exerce son leadership afin d’outiller les actrices et acteurs de l’éducation pour aider les jeunes à faire une place significative à la francophonie dans leur vie.
Mais, quelles que soient les époques, «ce n’est pas en descendant dans la rue que l’ACELF a défendu le français pendant toutes ces années. C’est au contraire à travers une force tranquille et positive. À travers une action concertée qui a su mettre en valeur la richesse des contributions et la fierté affirmée d’une langue française telle qu’elle s’exprime à travers une diversité de cultures et d’espaces géographiques», commente Annie Pilote.
Par la collaboration et la concertation, laisser une marque dans l’histoire
Et si l’on regarde tout le chemin parcouru, quelle est la principale contribution de l’ACELF à l’éducation de langue française au Canada?
Marcel Larocque, président de l’ACELF, met l’accent sur l’esprit de concertation du réseau. Il souligne l’importance d’avoir été, toutes ces années, le lieu de prédilection «d’échanges et de discussions pour les francophones du Canada sur les enjeux en éducation de langue française». Il mentionne aussi plusieurs initiatives phares qui ont fait briller la francophonie dans les milieux éducatifs de langue française au cours des décennies, ajoutant qu’il y a encore tant à venir.
Pour Annie Pilote, «la plus grande contribution de l’ACELF a été de garder les projecteurs sur l’évolution des enjeux relatifs à la langue française en éducation à travers le temps». Elle mentionne aussi que des organismes comme l’ACELF permettent de «nous rappeler qu’on ne doit jamais tenir pour acquises toutes les avancées en éducation de langue française au Canada, dans tous les ordres d’enseignement».
Diane Gérin-Lajoie, professeure émérite, rattachée au Département des programmes d’études, de l’enseignement et de l’apprentissage de l’Université de Toronto, pense quant à elle que ce qui a marqué l’histoire, c’est le côté rassembleur de l’ACELF. Elle souligne la capacité de notre réseau à se décentrer pour embrasser la diversité, tenir compte des particularités propres à chacune et à chacun, tout en unissant les francophones du pays.
Danika Gourgon abonde dans le même sens. Elle pense elle aussi qu’il faut mettre en évidence «le rôle de concertation que joue l’ACELF au fil de son histoire», explique-t-elle. «C’est exactement ce fil rassembleur-là qui, à mon avis, est sa contribution la plus importante au développement de l’éducation au Canada. À cette composante-là, je vais ajouter sa contribution à la sensibilisation des différentes communautés, éparpillées à la grandeur du pays, aux réalités vécues ailleurs», poursuit-elle. En d’autres mots, l’ACELF a «favorisé la consolidation d’un lien de solidarité dans la francophonie canadienne ainsi qu’une compréhension mutuelle des réalités vécues en milieux majoritaire et minoritaire», souligne-t-elle.
Construction, émancipation, progrès
C’est tout ça, en plus encore, que vous constaterez en parcourant l’exposition «L’ACELF, 75 ans à la promotion de l’éducation en français (1947-2022)», présentée grâce au soutien financier du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC). Celle-ci «met en valeur l’importance de la contribution de l’ACELF au développement d’une conception de l’éducation française comme outil de construction identitaire, d’émancipation sociale et de progrès culturel», explique Danika Gourgon.
Disponible pour un temps limité, nous vous conseillons vivement de découvrir cette exposition qui refait vivre le chemin parcouru par notre réseau jusqu’en 2012. Car en la parcourant, vous ressentirez cette impression vous envahir. Ce fort sentiment de fierté. Ce constat impressionnant de réaliser tout ce que nous avons accompli. Collectivement. Les unes et les uns avec les autres. Et de percevoir tout ce que nous pouvons réaliser. Maintenant et dans l’avenir. En alliant nos passions, nos idées, nos efforts. Solidairement. Ensemble. En faisant, par l’entremise de l’éducation, briller la francophonie dans la vie des jeunes, et dans nos propres vies, dans tous les coins du pays.
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