Pourquoi moi? Pourquoi là?

Vous êtes membre du personnel professionnel en petite enfance en milieu francophone minoritaire? Pourquoi avoir choisi cette profession et ce milieu? Vous rendez-vous vraiment compte de l’impact de votre service éducatif de langue française? Parce que votre contribution et votre rôle sont peut-être encore plus grands que vous ne le croyez! Pensons-y ensemble. Les services à la petite enfance francophones en contexte minoritaire se distinguent des autres services à la petite enfance. Ils ont quelque chose de différent. Une importance de premier plan. Mais comment ça?

Explorez, dans cette vidéo, ce qui rend ces services si uniques! Elle a été conçue en collaboration avec l’Association francophone à l’éducation des services à l’enfance de l’Ontario (AFÉSEO). Découvrez aussi nos autres vidéos réalisées dans le cadre de La francosphère de la petite enfance.

Tout le monde y gagne!

Qu’est-ce qui est différent dans les services à la petite enfance francophones? Le français, bien sûr! Mais c’est encore plus grand que ça. Parce que ces services et les espaces francophones qu’ils créent ont des incidences importantes sur la construction identitaire francophone des enfants. Ils ont aussi des impacts sur les familles, sur vous, et sur la communauté.

Les enfants

Dans les services éducatifs à la petite enfance francophones, «on crée avec les enfants un sentiment d’appartenance aux cultures francophones», explique Karine Senez, éducatrice à la petite enfance. Ici, les enfants s’éveillent à la francophonie. Ils découvrent le monde en français. Parce que «c’est un deuxième milieu de vie. C’est un environnement inspirant avec une variété de jeux éducatifs, d’animations et d’activités en français. C’est un milieu qui va offrir aux enfants la possibilité d’explorer, de créer des liens avec d’autres enfants et avec le personnel éducateur [en français]», ajoute Karine. Et en leur faisant vivre de tels moments significatifs, vous leur permettez de faire grandir leur francosphère (c’est-à-dire leur univers francophone).

Les services éducatifs à la petite enfance francophones permettent ainsi aux enfants de vivre le français au quotidien, tout naturellement. Et ça, c’est une grande mission. En tant que membre du personnel professionnel en petite enfance, vous jouez un grand rôle dans la construction identitaire francophone des jeunes enfants. Vous leur transmettez le goût de la culture francophone et de la langue française. Vous êtes des passeurs culturels. Par vos actions, votre service à la petite enfance a ainsi un impact important sur la place que font, et que feront, les jeunes à la francophonie dans leur vie. «C’est avant 6 ans qu’on apprend le plus, qu’on se développe le plus. Alors c’est très important d’introduire la culture francophone et la langue française [dans leur quotidien,] dès le début de la vie des enfants», estime Ashley Ceasor, éducatrice à la petite enfance.

En ce sens, c’est déterminant «d’avoir du plaisir en français avec les enfants. De bouger en mettant de la musique francophone. De lire des histoires en français. De chanter en français. De faire des sorties dans la communauté francophone avec les enfants. D’inviter les parents à s’impliquer aussi. Si tu as beaucoup de plaisir, ça nourrit l’apprentissage en français», ajoute Camille Scarrow, éducatrice à la petite enfance. En aidant les jeunes enfants à vivre en français dans le plaisir, les services éducatifs francophones les aident à développer un rapport positif à la langue française dans un milieu stimulant.

Les familles

Par ailleurs, ces services «viennent appuyer le choix des parents de faire une place au français dans leur vie de famille», explique Richard Vaillancourt, agent de programmes à la Commission nationale des parents francophones (CNPF). Ce sont des lieux «d’accueil des familles en français», renchérit Karine.

Même que ces milieux de vie peuvent participer à nourrir, non seulement la francophonie des enfants, mais aussi celle des parents. Notamment, ils offrent l’occasion aux parents de réseauter ensemble. De créer des liens avec d’autres familles francophones.

Et ces services accompagnent les familles dans la création et le maintien d’un milieu familial qui accorde une place importante au français. «On propose des suggestions d’activités aux parents», explique par exemple Karine. Dans cette optique, c’est une bonne idée de favoriser l’accueil et la participation des parents. Les inviter à s’impliquer. À proposer des idées. «Je pense que d’aller chercher les parents aussi va nous permettre d’aller plus loin», ajoute-t-elle.

Vous

Tout membre du personnel professionnel en petite enfance dans un service francophone a de bonnes raisons d’avoir choisi cette profession et ce milieu. Faire une différence dans le développement de la génération des francophones de demain, ce n’est pas rien. C’est un grand rôle. Et c’est vraiment valorisant. Et puis, faire le choix de cette carrière, c’est aussi avoir l’opportunité de travailler en français. De créer des liens avec d’autres francophones. D’enrichir sa propre francosphère. C’est une occasion de «nourrir notre identité», explique Ashley.

La communauté francophone

En plus, les services à la petite enfance francophones vitalisent et dynamisent nos communautés. En jouant notamment un rôle en construction identitaire auprès des jeunes, ils favorisent leur pérennité. Ces services répondent donc vraiment à un besoin de la communauté. Parce que «les enfants qui se développent dans nos communautés francophones minoritaires ont besoin de vivre en français. D’avoir un contact avec la culture et les traditions francophones. Et ce, pour que ces enfants aient envie de continuer à vivre en français avec les années [et de prendre une place active dans la communauté]», ajoute Ashley.

Ils contribuent aussi à créer des liens avec les francophones du milieu. Avec les enfants, «on va à l’hôtel de ville pour voir le lever du drapeau franco-ontarien. On va au parc du quartier. On invite aussi parfois des membres de la communauté à venir dans notre centre», explique par exemple Camille.

Ces services sont par ailleurs une voie d’accès vers l’école de langue française et ont une place importante dans le continuum éducatif de langue française. Ils occupent aussi une place stratégique sur l’échiquier communautaire en offrant des services de qualité en français. «On a une communauté francophone et on a besoin des ressources pour pouvoir s’épanouir en français», résume Ashley.

Une mission spécifique à souligner

Les services éducatifs à la petite enfance francophones, c’est tout ça. Leur mission est riche et hautement importante. Et c’est nécessaire de rappeler à quel point ils font une différence.

«La période [du passage des enfants] dans les centres éducatifs est d’assez courte durée, alors tout y est intense. [C’est important, pour le personnel éducateur, de] prendre conscience, premièrement, de leur identité francophone. Et deuxièmement, de l’importance de leur rôle de modèle dans le cadre de leur profession. C’est-à-dire de rendre la langue française en quelque chose de positif, mais pas non plus exclusif. […] Il faut vraiment prendre conscience de l’importance de créer et de maintenir un espace francophone, tout en incluant toutes les autres identités qui coexistent dans cet espace», explique Martine St-Onge, directrice de l’AFÉSEO.

C’est donc gagnant de favoriser la réflexion sur le mandat particulier des services à la petite enfance francophones chez les membres du personnel professionnel en petite enfance. Et c’est justement pour cette raison qu’a été conçu le volet Pourquoi moi? Pourquoi là? de la série de formations et d’outillage La francosphère de la petite enfance. Ce volet aborde deux aspects. «La section Pourquoi moi? vise à entamer une réflexion personnelle par rapport à soi-même. Par exemple, en faisant le lien avec mes motivations personnelles et/ou professionnelles à travailler dans un service éducatif à la petite enfance en français ou en réfléchissant au modèle francophone que je suis. La section Pourquoi là? vise à développer une meilleure compréhension. Le but est de prendre conscience qu’œuvrer dans un tel service, c’est essentiel pour la vitalité du français et de la transmission de la langue d’une génération à l’autre», souligne Richard, responsable de cette série de formations pour la CNPF, en collaboration avec l’ACELF.

«Les intervenantes et intervenants dans les communautés nous ont rappelé à quel point c’était important de revenir à la raison d’être de nos services en petite enfance francophones. On se rend compte que de parler de l’importance de l’espace francophone, ce n’est pas l’affaire d’une seule fois. Tous les membres de l’équipe, peu importe le nombre d’années d’expérience dans le domaine, continuent à bénéficier des réflexions et des échanges sur le sujet», conclut Richard.

De quoi en retirer beaucoup de fierté!

En somme, travailler dans un service éducatif à la petite enfance francophone en milieu minoritaire, c’est un rôle d’une importance primordiale qui a une grande influence. C’est la possibilité de faire la différence. Dans la vie des enfants. Dans la vie des parents et des familles. Dans votre propre existence. Et auprès de toute votre communauté francophone. Tout ça. Et rien de moins.

Cette publication et cette vidéo ont été réalisées dans le cadre du projet «Un réseau pancanadien de formation et d’outillage en construction identitaire francophone en petite enfance ancré dans les milieux». Ce dernier est chapeauté par la Commission nationale des parents francophones (CNPF) en étroite collaboration avec l’ACELF.

Ce projet est rendu possible grâce à la contribution de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) qui, de concert avec la Commission nationale des parents francophones (CNPF), la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF), le Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada (RDÉE Canada) et la Société Santé en français (SSF), appuie la mise en œuvre d’initiatives en petite enfance et souligne l’importance de la collaboration intersectorielle au sein des communautés francophones en situation minoritaire par le biais d’un financement du gouvernement du Canada.