Confiant… comme si vous aviez des ailes!
C’est quoi votre moment de fierté de la journée? Avoir atteint 200 « j’aime » sur la photo de votre nouveau petit chien? Avoir réussi votre recette de gâteau keto trouvée sur le blogue de votre influenceur favori? Et la langue française, elle vous fait ressentir quoi? C’est bien beau dire qu’il faut être fier de parler français, mais pourquoi? Oui, on est presque 300 millions de francophones dans le monde. Oui, le français, c’est la 5e langue en importance sur la planète. Mais ici, au Canada, les francophones sont minoritaires, et ça… c’est badass. Ça demande de la confiance et de la détermination, chaque jour, et ça… on peut en être fier! Comment le faire ressentir à nos élèves? En créant des activités en construction identitaire permettant de développer un rapport positif à la langue française, l’un des 8 principes directeurs!
Plaisir et français = la recette du succès
Le français, ça doit être l’fun. Le plaisir, c’est l’ingrédient clé pour aider nos élèves à développer un rapport positif avec cette langue. Ça tombe bien parce que plaisir et langue française, c’est presque synonyme. On peut slamer en français, jouer au soccer en français, raconter des blagues en français… Les possibilités sont infinies! Donnons à nos élèves un petit coup de pouce en leur faisant vivre des activités à la fois amusantes et éducatives!
Voici un exemple. Vous souvenez-vous, quand vous étiez petit, à quel point vous vouliez « faire comme les grands »? Pour donner envie aux jeunes de la maternelle et de la 1re année de jouer en français aux récréations et leur apprendre des jeux dans cette langue, une école du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique a eu une bonne idée : faire la Récré-Action en français dans la cour d’école. Comment ça? Les grands de 6e ont été invités à leur présenter des jeux en français et à les animer. L’enseignante Marie-Pier Dandurand a accompagné les élèves dans ce projet. Ce qui s’est passé? Les plus petits ont continué à jouer aux nouveaux jeux qu’ils ont appris en français pendant les récréations, même sans que les plus grands soient avec eux. Quant aux grands de 6e, ils ont pris conscience de leur pouvoir de modèle en tant que francophones!
Aimer, ce n’est pas juste des pouces en l’air sur Facebook!
Le but, c’est que nos élèves apprennent à aimer la langue française et la culture francophone. Pour faire ça, il faut les aider à associer le français à des événements qu’ils aimeront. Et pour trouver ce qu’ils aiment, il s’agit de leur demander! Les jeunes doivent sentir que leur opinion a de l’importance. Les écouter et créer des activités avec leurs idées, c’est toujours un choix gagnant. Pourquoi ne pas essayer d’y intégrer des éléments de surprise? N’ayez pas froid aux yeux et essayez de nouvelles choses! Créez, dans la tête et le cœur de vos élèves, des moments en français inoubliables. La meilleure idée d’activité? C’est vous et vos élèves qui la trouverez!
Pour délier les langues
Mais attention! Pour aimer, il faut faire confiance. Pour aimer sa langue et se définir à travers elle, il faut avoir confiance en sa capacité à la parler. Voilà qui n’est pas toujours simple, surtout quand on est gêné de notre accent ou qu’on a toujours peur de se faire reprendre. Ce phénomène bien réel touche plusieurs de nos élèves (et parfois nous-mêmes) : ça s’appelle l’insécurité linguistique. Selon la sociolinguiste Phyllis Dalley, chercheure à l’Université d’Ottawa, « si elle est assez grave, l’insécurité linguistique mène au silence ». « Nos jeunes ne sont pas malades! », s’exclame-t-elle dans une conférence (qui mérite vraiment d’être écoutée). Selon elle, « on ne reconnaît pas suffisamment la force, la persévérance, la résilience de nos élèves dans les écoles de langue française ».
Pour Phyllis Dalley, « l’école de langue française a la responsabilité de contrer l’insécurité linguistique et de bâtir la sécurité ». Il faut faire disparaître « le sentiment de culpabilité des élèves » et les aider à parler en français avec confiance, explique-t-elle. Comment y arriver? En modifiant nos représentations : il faut cesser de voir négativement la façon dont les jeunes parlent. Il faut reconnaître qu’il y a différents registres de langues qu’on peut utiliser dans différentes situations. « Nos élèves ont de bonnes compétences linguistiques sur lesquelles construire », croit la chercheure. Selon elle, il est nécessaire de se concentrer sur le message des élèves et d’arrêter de les corriger à tout bout de champ. « Enseigner plutôt que corriger », voilà une phrase à retenir. Mettre en pratique cette façon de voir les choses dans notre manière d’enseigner, c’est contribuer à donner confiance à nos élèves!
Mettez l’accent sur les accents
Parler français avec confiance implique aussi qu’on soit fier de son accent. Vos élèves sont-ils fiers du leur? Selon Monique Saulnier, leader pédagogique en innovation et entrepreneuriat au Nouveau-Brunswick, pour lutter contre l’insécurité linguistique, « il faut croire en la beauté des accents de la francophonie et montrer que notre langue est belle, intéressante, artistique et riche ». Pourquoi ne pas aborder ce sujet avec vos élèves pour leur faire réaliser que tout le monde a un accent? Oui, oui! Qu’on soit Franco-manitobain, Québécois ou Parisien, on en a tous un! Besoin d’idées? Laissez-vous inspirer par la discussion « jouer avec les accents » de la Pédagogie à l’école de langue française (PELF)!
Le français : langue d’idées, de débats et de passions
Pour parler français avec assurance, il faut aussi se sentir libre de s’exprimer, de débattre, de parler de ses émotions, de ses rêves et de ses craintes. C’est ce que pense Mathilde Pronovost, une jeune étudiante en enseignement engagée et motivée, originaire de Victoria, en Colombie-Britannique. « La meilleure façon d’inspirer les jeunes pour les engager envers leur francophonie, c’est de rester authentique. Il faut créer des liens avec les jeunes. Il faut instaurer un cadre relationnel de confiance. » Pour que nos élèves fassent une place de choix à la langue française dans leur vie, ils doivent voir le français comme un moyen d’expression et d’épanouissement. Ça, ça veut dire qu’engager un dialogue avec les élèves et créer un environnement où tous se sentent libres de s’exprimer, c’est vraiment important!
Bâtir une francophonie confiante
Aider nos élèves à développer un rapport positif à la langue française, favoriser leur confiance langagière, leur sécurité linguistique ou les aider à prendre part à une francophonie confiante… tout ça revient à la même mission. Pour se tailler une place dans le cœur des jeunes, la langue française doit être source de joie et de fierté. Au-delà de l’organisation d’activités, il faut aussi que ce principe guide l’ensemble de notre façon d’enseigner. Le gros défi, c’est d’aider nos élèves à bâtir l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur capacité à parler français. En réalisant cet important rôle, nous les aiderons à se définir avec la langue française et leur donnerons des ailes pour qu’ils puissent aller loin! Et ça… pour tout professionnel de l’éducation, c’est une autre bonne raison de vivre un petit moment de fierté!
Comme de la soie dentaire…
Les 8 principes directeurs sont tous d’égale importance, tous aussi pertinents les uns que les autres. Ils tiennent compte des enjeux actuels de la francophonie et assurent la pertinence des activités conçues pour favoriser la construction de l’identité francophone.
Un peu comme se passer la soie dentaire : t’es pas obligé d’y penser tout le temps, mais si tu ne le fais jamais, tu vas le regretter!
Par une série de 8 publications, Francosphère aborde chacun des 8 principes directeurs qui sont là pour aider à intervenir le mieux possible dans la construction de l’identité francophone des jeunes. 8 fois plutôt qu’une, découvrez comment notre francophonie est à la fois contemporaine, innovante, diversifiée, communautaire, confiante, rassembleuse, engagée et durable.
La francosphère en action
Inspirer. Informer. Donner tout plein d’idées. Notre blogue met en valeur les meilleures pratiques en matière de construction identitaire pour alimenter la francosphère.